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jusqu’à ce que nous ayons un peu causé, vous et moi, et délibéré au Conseil. Il sera temps d’y causer de votre idée d’y appeler des pairs et des députés, ce qui doit dépendre, même s’il fallait s’y décider, du genre de mesures auxquelles nous inclinerions. Nous avons tout le temps de réfléchir, et cela en vaut la peine. Je crois donc que, quant à présent, ce qui est urgent, c’est que d’abord vous voyiez M. de Celles[1] tout de suite ; il est dans la maison attenante à celle du maréchal Gérard ; mettez-vous dans votre voiture et allez-y tout simplement ; entendez-le, avertissez-le de rester chez lui et d’y attendre que je l’envoie chercher. Ensuite venez chez moi où vous trouverez à déjeuner, si vous voulez et où, dans tous les cas, nous causerons vous et moi sur les embranchemens bien compliqués de cette affaire, en attendant le Conseil qui est convoqué pour onze heures. Comme vos collègues sont peu exacts, je vais leur faire faire une circulaire pour leur demander d’être tous chez moi à onze heures et demie au plus tard.

Je pense que vous ferez bien de dire à M. de Celles que, dès que nous aurons arrêté notre marche, il conviendra qu’il soit porteur de notre décision et qu’il retourne à Bruxelles où sa présence me paraît indispensable avant le 28.


Ce vendredi à 6 heures et demie, 21 janvier 1831.

Voici vos dépêches, mon cher général, celle de Stuggard a de l’importance : 1° sur le Luxembourg, quoique nous sachions de Vienne qu’il n’est pas question de mettre la Confédération sur le pied de guerre et qu’au contraire, on y est disposé à traîner en longueur… 2° Vous y aurez remarqué le passage du colonel Méjean pour Bruxelles ou Paris en courrier, venant de Munich, ainsi que l’assertion du roi de Wurtemberg que le roi de Bavière refusait de donner Othon, et qu’il prévoyait que le duc de Leuchtenberg serait élu. Vous allez en entretenir M. de Flahault[2] et vous ferez bien de me l’amener après le dîner ; ceci me fournissant des raisonnemens que je serai bien aise de vous développer à tous les deux. Je désire d’autant plus vous voir que

  1. Homme politique belge dévoué à la France. Il se fit par la suite naturaliser français.
  2. M. de Flahault, ancien et brillant officier de l’Empire rallié à la monarchie de Juillet, ayant, par son mariage avec la fille de lord Keith, de grandes relations en Angleterre, fut chargé, un moment, auprès de Talleyrand, d’une mission d’un caractère un peu équivoque.