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L’ÉNIGME DU PÔLE NORD

En géographie comme en toute autre matière, les événemens de même nature ont coutume de se suivre par séries. Très peu de temps après le moment où, contrairement à toute attente, le Pôle Sud, que l’on croyait, pour longtemps encore, hors de la portée des hommes, a été, à l’improviste, presque atteint par l’explorateur anglais Shackleton, le Pôle Nord, à son tour, a livré son secret. Et, après avoir été longtemps inaccessible, après avoir dévoré un grand nombre de ceux qui ont tenté de l’approcher, voici même que maintenant il a été découvert à la fois par deux explorateurs, qui se disputent la priorité de l’exploit. Le Sphinx a rencontré le même jour deux Œdipe.

Nous n’avons pas à nous prononcer sur le conflit qui divise en ce moment les deux explorateurs américains Cook et Peary. D’ici peu, la question sera tranchée entre eux. Le succès du commodore Peary ne fait de doute pour personne dans le monde scientifique. Quant au succès du docteur Cook, il n’a rien d’impossible, quoique certains détails soient dénaturée inspirer des doutes.

Nous n’entreprendrons pas non plus de retracer, même par une brève énumération, la liste des tentatives des voyageurs qui, durant le siècle qui vient de s’écouler, ont cherché à atteindre le Pôle Nord. Certes, cette nomenclature est fort intéressante et vaut la peine d’être rappelée à tous, dans les circonstances actuelles. Mais cette liste, où les noms de ceux qui ont été assez heureux pour réussir partiellement ou pour faire des découvertes importantes, souvent aussi utiles et aussi difficiles que celle du Pôle lui-même, se mêlent au martyrologe de ceux qui ne sont