Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/724

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’il y a quelques mauvais instituteurs, il y en a encore bien plus de bons, qui font simplement et modestement leur devoir et s’y consacrent avec conscience. Les manuels empreints d’un mauvais esprit sont une plaie du moment, facilement guérissable. Le mauvais vent qui a soufflé sur l’école primaire est venu de la politique. L’école et l’instituteur ont subi l’atteinte des mœurs nouvelles où tout a été subordonné aux intérêts électoraux. C’est contre cela qu’il faut réagir. M. Briand, dans le discours qu’il a prononcé en prenant possession du pouvoir, a promis de remettre chaque chose et chaque homme à leur place. Qu’il le fasse pour l’école et pour l’instituteur, et il aura rendu le plus grand des services au pays.


Les élections anglaises sont à peu près terminées au moment où nous écrivons. Sur la campagne électorale elle-même nous n’avons rien à dire : on a lu, dans une autre partie de la Revue, les notes que M. le comte d’Haussonville nous a envoyées d’Angleterre au jour le jour. Elles nous font assister à la vie de nos voisins pendant cette période agitée : réunions publiques, conversations avec personnages importans, mouvemens de la foule, tout cela prend un relief pittoresque et une vie intense dans ce récit d’un témoin impartial qui a voulu voir et qui a bien vu. Quoique M. d’Haussonville soit revenu d’Angleterre après le premier jour des élections, il en savait assez pour pressentir, à peu de chose près, ce qui allait se passer. En somme, le résultat de ces élections est que tout gouvernement d’action énergique et de longue durée semble impossible avec les élémens parlementaires qu’elles viennent de fournir, aussi bien un gouvernement conservateur qu’un gouvernement libéral ou radical. Les Libéraux ont une majorité, avec les Irlandais et les socialistes, mais si faible qu’elle ne saurait leur communiquer une grande force, celle dont ils auraient besoin pour briser la résistance des Lords. Ils l’ont demandée au pays qui ne la leur a pas donnée suffisante. Il reste encore un certain nombre d’élections à faire. Elles ne sauraient modifier beaucoup les résultats, mais il suffit de changer quelques unités de place pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Les chiffres actuels sont les suivans. Les Conservateurs, ou Unionistes, ont une minorité compacte et homogène de 258 voix, Le gouvernement dispose d’une majorité composite, formée de 249 Libéraux, de 41 socialistes et de 74 Irlandais. En Angleterre, où il n’y a pas de ballottage, le candidat qui arrive en tête au premier et seul tour de scrutin est déclaré élu. Si on appliquait cette règle aux partis, le parti