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dite Banque nationale au capital de 1 million de livres à Constantinople, se mit sur les rangs et ouvrit des pourparlers, dont les échos retentirent en septembre 1909 dans les gazettes de Péra et les ambassades du Bosphore. Mais il apparut bien vite qu’un seul marché au monde avait la puissance nécessaire pour souscrire et conserver les titres du nouvel emprunt. La force même des choses amena la conclusion de l’affaire avec la Banque ottomane, autour de laquelle s’étaient groupées les principales sociétés françaises. Cette solution a encore été facilitée par le fait que les revenus des vilayets d’Asie spécialement affectés à l’emprunt 1909 étaient déjà précédemment remis à la Banque ottomane chargée de verser la somme due au gouvernement russe. C’est le 13 octobre 1909 qu’a été signé le contrat, conclu en vertu de l’article 36 de la loi de finances du 14 août 1909 : les obligations, pour un capital nominal total de 159 091 000 francs, sont créées à la fois en monnaie turque, française, anglaise et allemande. Le revenu est de 4 pour 100 ; l’amortissement est de 1 pour 100 par an et s’effectuera par rachats sur le marché aussi longtemps que la cote sera inférieure nu pair, par tirages au sort quand le cours aura dépassé le pair : l’annuité de 350 000 livress turques est garantie par les dîmes des vilayets de Konia, Kastamouni, Sivas, Adana, Kaledschik, et la taxe des moutons d’Alep, dont le montant sera versé aux caisses de la Banque ottomane. Celle-ci a pris l’emprunt au cours de 86 ; le gouvernement s’est engagé à supporter les frais d’émission, de timbre étranger, de confection des titres, les pertes au change du chef du paiement des coupons et du remboursement des titres à l’étranger.

Sur les 7 millions de livres, 2 avaient été réservés à la place de Londres : mais elle ne les a pas absorbés, et c’est le marché de Paris qui, une fois de plus, a démontré sa merveilleuse puissance en souscrivant la totalité des obligations. Djavid l’a proclamé dans l’exposé des motifs du projet de budget pour l’année 1326 (mars 1910-février 1911) :

« Il était difficile, dit-il, d’émettre un emprunt de 7 millions de livres turques sur un marché autre que celui de Paris et avec le concours d’une banque autre que la Banque ottomane. Il existait un marché habitué à nos valeurs, qui les absorbait toutes : ce marché était celui de Paris. Il existait une banque à laquelle on était habitué à avoir recours jusqu’à présent dans le marché