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de Paris : c’était la Banque ottomane. Si l’on ajoute d’autre part l’étroite solidarité qui existe entre les différens établissemens français et le sentiment qui les anime de ne pas se faire concurrence dans un pays étranger, on conçoit très facilement toute la difficulté qu’aurait rencontrée une concurrence à la Banque ottomane. Le gouvernement français a particulièrement droit à nos remerciemens pour son concours amical. » Nous espérons que nos établissemens de crédit continueront à mériter les mêmes éloges. Le ministre poursuit en expliquant que cette opération a constitué un véritable succès pour le gouvernement jeune-turc et que, dans l’avenir, il espère pouvoir contracter des emprunts sans leur affecter de gages spéciaux. Dès maintenant, il a fait l’économie de la commission de 5 p. 100 par an qu’il payait à la Dette pour la perception des revenus concédés ; il a pu néanmoins vendre l’emprunt au taux le plus élevé que la Turquie ait obtenu jusqu’ici, à un point de plus que l’emprunt 1908, qui avait été cédé à 85 pour 100 ; il en a touché le produit dans le délai très court de quatre mois ; enfin le titre, à peine émis, a fait prime. Les sommes encaissées par le Trésor serviront à payer l’indemnité due à la Société des chemins de fer orientaux, à équilibrer le budget, et à faire face aux dépenses extraordinaires, notamment de l’armée. Une partie de celles-ci ont été couvertes par les 2 250 000 livres turques que l’Autriche-Hongrie a versées à la Turquie pour la dédommager de l’annexion définitive de la Bosnie et de l’Herzégovine.

Le projet de loi de finances de 1326 contient des dispositions intéressantes. Il promet la suppression de l’ibtissah, c’est-à-dire de l’impôt professionnel qui existe encore dans un certain nombre de localités. Il abolit la prestation en nature et en fixe le taux en argent, variable dans les différens vilayets. Il supprime les passeports à l’intérieur. Il prévoit la frappe, au cours des quatre années à venir, de monnaies divisionnaires de nickel, de 5, 10 et 20 paras (un huitième, un quart et une moitié de piastre), jusqu’à concurrence d’un million de livres turques : les piastres d’argent actuelles, de dimensions trop petites, seront retirées : le ministre espère ainsi mettre un terme aux écarts énormes qui existent aujourd’hui dans le change des monnaies d’or et d’argent les unes contre les autres. La cession à la ville de Constantinople du péage du pont de Galata, qui a servi à gager l’emprunt municipal d’un million de livres, sera définitive