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données générales que nous résumions en la décrivant. Ici le moyen qui se présente le premier est l’augmentation de l’activité végétale. Tout le monde sait, en effet, que les racines des plantes vont chercher sous terre les masses d’eau nécessaires à leur vie, et que ce liquide, transporté dans les feuilles par les vaisseaux du liber, s’y exhale pour enrichir la sève élaborée, ce véritable sang botanique. Des expériences innombrables ont montré que l’évaporation ainsi produite est gigantesque. Et qui n’a pas constaté de visu la rapidité avec laquelle un bouquet feuillu dessèche le vase dans lequel on l’a placé ?

Aussi, dans les pays construits comme le bassin hydrographique de la Seine, n’y a-t-il pour ainsi dire point d’inondations d’été.

Il est beaucoup de circonstances où ces mesures étant d’une application difficile, on doit prévenir les inondations en retenant les eaux dans les points hauts au moyen de dérivations. Par exemple, on peut, par une sorte de débordement artificiel, épancher un affluent gonflé dans des prairies convenablement situées.

Becquerel, dans le travail déjà cité, pensait qu’on a augmenté la quantité d’eau qui s’écoule vers les vallées en supprimant, à la fin du XVIIIe siècle, la plus grande partie des innombrables étangs qui couvraient jadis le sol de la France. Ces étangs recueillaient les eaux des terres environnantes et les tenaient emmagasinées, de sorte qu’elles ne concouraient pas aux inondations comme aujourd’hui.

On sait que les anciens étaient passés maîtres dans l’art d’aménager, dans le haut des vallées, des approvisionnemens aqueux qu’ils dépensaient intelligemment lors de la période sèche de l’année. On voit encore en Tunisie les restes des immenses citernes d’où s’épanchait l’abondance dans les régions placées plus bas. Nos ingénieurs ont repris dans une certaine mesure ces pratiques antiques et le lac des Settons en Bourgogne est un exemple à côté duquel on pourrait en citer beaucoup d’autres.


IX

Il resterait enfin un dernier point à traiter : la lutte contre l’inondation une fois déclarée. C’est bien lutte qu’il faut dire et,