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étendues, s’il y avait lieu, au reste de l’Empire. En novembre 1908, enfin, une ordonnance a prescrit la construction de nouvelles maisons d’arrêt dans les villes fréquentées par les Européens. Cette dernière mesure montre le secret désir du gouvernement de faire accepter le régime du droit commun aux Européens qui jouissent jusqu’ici dans les concessions étrangères du privilège de l’exterritorialité, c’est-à-dire du droit de se soustraire aux tribunaux chinois et de ne dépendre que de leurs propres tribunaux. Ce privilège a toujours été regardé par la Chine comme une atteinte grave portée à sa souveraineté ; elle voudrait le supprimer, après entente avec l’Europe, comme le Japon y est parvenu en 1898.

L’octroi d’une constitution a été aussi mis à l’étude. En août 1905, était décidé l’envoi en Europe d’une mission à la tête de laquelle était Taï-Hong-Tseu et dont le but était d’étudier la constitution et l’organisation politique des divers États. Deux mois après, un édit laissait entrevoir la possibilité de l’établissement d’un état de choses se rapprochant du système représentatif. À sa rentrée au mois de juillet 1906, Taï-Hong-Tseu concluait dans son rapport que c’était la Constitution de l’empire d’Allemagne qui lui semblait le mieux s’approcher de l’idéal entrevu par la Cour ; la Constitution du Japon lui avait paru aussi digne de servir de modèle ; enfin il demandait l’établissement immédiat de lois constitutionnelles, l’exécution de travaux publics, la création d’arsenaux ; il allait jusqu’à préconiser la suppression du costume national et l’adoption des modes européennes. Alors parut le fameux décret impérial du 1er  septembre 1906 par lequel l’impératrice Tseu-Hsi annonçait l’octroi définitif d’une constitution : il eut un retentissement immense dans le monde. Toutefois, comme les renseignemens de la mission étaient insuffisans, on provoqua des études complémentaires. Ordre fut donné aux vice-rois d’appeler auprès d’eux les lettrés les plus versés dans les langues étrangères, de s’éclairer de leurs lumières et de faire parvenir leurs travaux au gouvernement central. Au cours de ce grand labeur, divers édits ont paru qui ont tenu le peuple au courant des progrès faits dans les travaux préliminaires de la Constitution. En mai 1907, un décret créait une Cour de contrôle administratif chargée de l’élaboration des lois constitutionnelles et bureaucratiques. Au mois d’octobre de la même année, un autre édit ordonnait la création de