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LETTRES DE LOUIS-PHILIPPE ET DE TALLEYRAND.

puissions justifier à la France, à la Belgique et à l’Europe, d’une opposition formelle et d’une protestation solennelle contre l’incendie de la ville d’Anvers et de toutes les propriétés commerciales françaises, belges, anglaises, américaines et autres qui s’y trouvent déposées sous la foi d’un armistice conclu sous la médiation des cinq puissances et garanti par elles. Le Roi de Hollande doit être rendu responsable de ce désastre non provoqué par les Belges, s’il se permet de le faire commettre.

Ceci me paraît aussi important que pressé, et je crois qu’il faut expédier cette nuit, et le plutôt possible par courrier, l’ordre au général Belliard de faire cette démarche qui me paraît le corollaire nécessaire de ce que nous avons résolu ce soir au Conseil.

Je n’ai pas le temps d’en écrire en ce moment à votre Président, mais envoyés-lui ma lettre, je suis certain qu’il sera de cet avis.

Bonne nuit, mon cher général. — L. P.


Vendredi à 5 h. du soir, 5 août 1831.

… Je crois aussi, en réfléchissant à ce qui a été dit ce matin au Conseil, qu’il est juste, convenable et nécessaire de faire payer au Roi de Hollande sa ridicule campagne, et je persiste dans l’opinion qu’il faut demander la cession aux Belges de la Flandre Hollandaise.

Je ne pense pas que cela éprouvât autant de difficultés que vous semblés le croire, et s’il y a eu affaire à Gand, cela montrera combien cette position est nécessaire aux Belges. D’ailleurs, il pourrait y avoir une échappatoire aux difficultés dont je vous parlerai. Il faut que nous traitions cela à fond. Il serait affreux que les Belges perdissent, cela m’occupe fort, et il me tarde de vous en entretenir. Voyés si vous pouvés venir à neuf heures du soir.

On me dit que le bruit intérieur de l’ambassade anglaise est que l’Angleterre enverra l’Escadre.

On me dit que la consternation était grande à Bruxelles et dans toute cette partie de la Belgique, qu’il y a eu un premier combat où les Belges ont perdu deux canons.

N’avez-vous donc aucune nouvelle de cette Belgique ? — L. P.


Dimanche matin, 10 heures et demie, 7 août 1831.

Je vous renvoyé vos dépêches, mon cher Général.

Tant par ma conversation d’hier dont il me tarde de vous