Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 56.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
318
REVUE DES DEUX MONDES.

de Meudon qu’à une heure et demie, et je désire bien, comme vous n’avés pas de Chambre, que vous puissiés venir voir tout ce que j’ai écrit et me donner vos bons conseils sur ma réponse au Roi des Belges.

M. de Celles m’a dit ce soir qu’il croyait que les Hollandais évacuaient la citadelle d’Anvers.

On n’a pas traduit dans nos gazettes le rapport du Prince d’Orange au Roi son père sur ses opérations en Belgique. Il est pourtant dans toutes les Gazettes anglaises et fort curieux.

En tout, l’état actuel de la Belgique est fort allarmant, et j’ai bien besoin d’en causer avec vous, car je m’y perds.

Bonsoir. — L. P.

Dimanche soir, 21 août 1831.

Mon cher Général, je crois qu’il faut faire réfuter l’article principal du Times du 16 août. Il dit que la logique du Roi de Hollande dans la lettre de M. de Verstolk[1] à M. de Fagel[2] est sans réplique et que l’entrée de l’armée hollandaise en Belgique n’est pas une agression injuste, comme le dit la France, parce que la Conférence était liée au Roi de Hollande par des protocoles acceptés par lui, que si l’influence française a fait substituer à ces protocoles les dix-huit articles acceptés par les Belges et par leur Roi élu qui n’a pas pu jurer de maintenir à la Belgique un territoire qu’elle n’a pas, cela n’a pas pu porter atteinte aux droits du Roi de Hollande qui est, en fait et en droit, autorisé par les protocoles à entrer en Belgique comme l’Armée d’exécution de la Conférence, qualité que pour raisons évidentes (obvions reasons) la France, ni son armée ne peuvent jamais avoir, et que la Conférence ne peut jamais être tentée de lui confier.

Tout cela n’est sans doute qu’un tissu d’impudences et de faussetés bien facile à réfuter, et c’est ce qu’il faut faire ; car croyés moi, le meilleur moyen d’éviter d’être attaqué à coups de canon, c’est de riposter vigoureusement à coups d’argumens, tandis qu’on n’est encore attaqué que par des argumens.

Bonsoir, mon cher Général, j’ai convoqué le Conseil pour demain à onze heures. — L. P.

  1. Baron Verstolk, ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas.
  2. Baron Fagel, ministre des Pays-Bas à Paris.