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Une vie d’Impératrice[1]


Je me plais à penser que les lecteurs de la Revue n’ont pas perdu le souvenir de l’étude que j’ai publiée ici, il y a quelque temps[2], sur l’impératrice Élisabeth de Russie, femme de l’empereur Alexandre Ier. Si le portrait que j’ai tracé de cette princesse d’une si rare valeur morale est resté dans leur mémoire, ils se rappelleront que c’est au premier volume du magistral ouvrage consacré par le grand-duc Nicolas Mikhaïlovitch à son illustre aïeule que je dois d’avoir pu leur en présenter une ébauche. J’ai dit alors à l’aide de quelles richesses documentaires le grand-duc avait pu tirer de l’oubli un personnage méconnu et remettre en lumière une physionomie trop promptement voilée par les ombres du passé.

Ces richesses consistaient surtout dans la correspondance que, durant trente-quatre ans, l’Impératrice entretint avec sa mère la Margrave Amélie de Bade, laquelle eut la douleur de lui survivre. Arrivée à la cour de Russie en 1792, et mariée l’année suivante au grand-duc Alexandre, montée sur le trône avec lui à la mort de Paul Ier et ayant vécu jusqu’en 1826, Élisabeth, pendant tout ce temps, ne cessa pas d’écrire à sa mère. Ses lettres sont innombrables et constituent, à vrai dire, l’histoire de sa vie comme aussi l’histoire de la Russie durant la même période.

Le premier volume de cette attachante publication, analysé déjà à cette place, nous a fait suivre pas à pas la princesse aux diverses étapes de son existence depuis le jour où la volonté de Catherine la Grande, d’accord avec celle de ses parens, l’appela

  1. L’impératrice Elisabeth, épouse d’Alexandre Ier, par le Grand-Duc Nicolas Mikhaïlovitch, 2e et 3e volumes grand in-8, ornés de 60 planches, 1909 et 1910.
  2. Voyez la Revue du 15 mars 1909.