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méthode de mesure des températures, en ce sens qu’elle nous permet de dire que tel objet est plus chaud que tel autre, de classer en un mot, suivant une échelle de températures croissantes, les divers objets accessibles simultanément à notre toucher. Il convient d’ailleurs de ne pas trop se fier à ces données immédiates de nos sens, puisque nous savons que les froids très vifs, comme ceux que produit l’air liquide, procurent la même sensation qu’une brûlure. Il n’en est pas moins vrai que les procédés plus précis, employés habituellement pour définir la température, dérivent de cette simple méthode de contact. Un thermomètre ne peut nous renseigner sur l’état calorifique d’un objet (que celui-ci soit l’atmosphère extérieure ou le corps d’un malade) que lorsqu’il le touche, si bien que la colonne de mercure thermométrique n’est qu’un artifice par lequel nous avons suppléé à l’insuffisante délicatesse de notre sens tactile.

Les étoiles étaient donc forcément inabordables avec ces procédés. Si on veut excuser ici un exemple familier, il est permis de dire que la pyrométrie des objets inaccessibles fut créée le jour où un coiffeur imagina, pour juger de la température de son fer à friser, de l’approcher à quelques centimètres de sa joue. C’est d’une manière analogue en principe, encore qu’un peu plus précise dans l’application, qu’on a réussi pour la première fois à avoir quelques données exactes sur la température du Soleil. On sait en effet que les corps incandescens nous envoient non seulement des rayons lumineux, mais aussi des rayons calorifiques invisibles, et l’on connaît actuellement d’une manière précise, surtout grâce aux découvertes du physicien viennois Stefan, comment varie la quantité de chaleur ainsi rayonnée par un corps, lorsque sa température augmente dans une proportion donnée. Le problème consistait donc uniquement à mesurer très exactement la quantité de chaleur que nous recevons du Soleil. Au moyen d’appareils spéciaux (actinomètres et pyrhéliomètres), on a déterminé avec exactitude dans ces dernières années, spécialement grâce à des observations faites sur de hautes montagnes, que la quantité de chaleur que, dans une minute, chaque centimètre carré de la Terre reçoit du Soleil aux limites de l’atmosphère est égale à environ 2 grandes calories. C’est-à-dire que si, à l’extérieur de l’hémisphère terrestre tourné vers le Soleil, et au-dessus de l’atmosphère, se trouvait une couche