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médiévaux et tant raillée par les chimistes du XIXe siècle.

Quelqu’un remarquait récemment que, dans les expériences de Ramsay, on transforme les élémens d’une même famille chimique dans le plus léger d’entre eux, et que rien ne prouve la possibilité de la transmutation inverse que cherchaient les alchimistes, puisque les métaux précieux sont précisément les plus lourds de chaque famille. A cela on répondra que s’il est exact que l’évolution chimique des étoiles corresponde à leurs températures, les étoiles nous offrent un exemple complet de transmutation dans le sens cherché par les alchimistes, puisque les métaux les plus lourds n’y apparaissent qu’après les élémens légers et lorsqu’elles se sont suffisamment refroidies. La mesure exacte de ces températures est donc un des problèmes les plus importans de l’astrophysique, puisqu’elle seule peut nous permettre de juger en définitive de la valeur des hypothèses de Lockyer, et de toutes les conséquences que l’on vient d’en déduire.


V. — MESURE RÉCENTE DE LA TEMPÉRATURE DES ÉTOILES

Au moyen d’une méthode qui est employée à l’Observatoire de Paris par l’auteur de ces lignes, et qu’il a appelée, faute d’un vocable moins barbare, la « photométrie hétérochrome des astres, » il a été possible d’apporter quelques précisions nouvelles dans cet ordre d’idées.

La mesure de la répartition de l’éclat lumineux dans les spectres des étoiles (c’est-à-dire l’étude de l’intensité de leurs rayons rouges par exemple, par rapport à celle des rayons verts ou bleus) est l’objet immédiat de cette méthode. Le principe en est extrêmement simple. Au moyen d’une petite lampe électrique (dont la température et l’éclat sont bien connus) on réalise, grâce à un dispositif optique spécial, une étoile artificielle dont on juxtapose, dans la lunette, l’image à celle de l’étoile que l’on veut observer. Un procédé simple permet de faire varier de quantités connues l’éclat de l’étoile artificielle que l’on amène ainsi à être égal à celui de l’étoile réelle ; enfin on interpose successivement, sur les trajets des rayons des deux astres, des écrans colorés, combinés de façon à ne laisser passer en même temps, parmi les rayons dont l’ensemble constitue la lumière