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Ainsi se trouvent confirmées dans leurs grandes lignes les magistrales inductions de Lockyer, et par une méthode complètement indépendante de celle qu’il avait employée !

Nous avons donc maintenant des raisons encore plus fortes que jamais de supposer que révolution calorifique des étoiles est bien réellement accompagnée d’une transmutation des élémens chimiques. D’après cela et avec nos résultats, on peut même calculer que la température où tous les métaux sont transformés en hydrogène et en hélium est très certainement supérieure à 15 000 degrés ; entre 15 000 et 4 000 degrés les divers corps simples feraient leur apparition progressive, les corps composés ne commençant à se former que bien au-dessous de 4 000 degrés, et à partir d’une température comprise entre ce nombre et 2 800°. En face de cette immense échelle thermique le long de laquelle évoluent les formes de la matière minérale, les limites de la vie organisée sont négligeables, puisque l’existence de tous les êtres vivans que nous connaissons se trouve comprimée dans un intervalle qui n’est même pas de quelques centaines de degrés.


VII. — ÉCLAT DES ÉTOILES

La possibilité d’évaluer approximativement les températures stellaires n’est pas seulement précieuse en ce sens qu’elle apporte au problème de l’évolution des mondes une contribution inattendue. On peut montrer qu’elle permet en outre d’aborder quelques autres questions astronomiques importantes, qui s’étaient montrées jusqu’ici à peu près rebelles à l’analyse : à savoir, l’évaluation des dimensions exactes des étoiles, et de leur puissance lumineuse intrinsèque.

Revenons un instant à l’exemple simple d’une barre de fer que l’on porte progressivement à des températures de plus en plus élevées. Non seulement, comme nous l’avons vu, elle change peu à peu de couleur à mesure qu’on la chauffe, et passe par gradations du rouge sombre au rouge vif, a l’orangé et finalement au blanc éblouissant, mais elle subit en même temps des variations notables de son éclat. Elle nous envoie beaucoup plus de lumière lorsqu’elle est chauffée à blanc que lorsqu’elle est simplement portée au rouge. On sait, comme il a été dit plus