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que cette étoile a un diamètre de neuf à dix fois plus grand que celui du Soleil et égal à environ treize millions de kilomètres. Le volume d’Aldébaran est presque mille fois plus grand que celui du Soleil ; il le dépasse donc autant que le volume du Soleil lui-même dépasse celui de Jupiter. Si donc Aldébaran n’est pas une des plus brillantes parmi les étoiles, c’est que sa surface, malgré son énormité, n’a qu’une température et un éclat médiocres. Parmi les autres étoiles auxquelles on a appliqué cette méthode, on n’en a pas trouvé dont les dimensions soient supérieures à Aldébaran. La plus petite est σ du Dragon, dont le volume n’est égal qu’à un quinzième environ de celui du Soleil. Les dimensions de toutes les autres étoiles étudiées s’étagent entre ces deux extrêmes, de sorte qu’en somme les étoiles sont, peut-on dire, des astres du même ordre de grandeur et dont les volumes ne diffèrent pas énormément de celui du Soleil. Ceci constitue la plus éclatante confirmation et la plus démonstrative qui ait encore été obtenue de la géniale induction d’Héraclite.

On peut maintenant essayer d’évaluer grossièrement la quantité de matière que représentent les millions d’étoiles de la Voie Lactée. On sait que la masse du soleil est d’environ 2 quintillions de kilogrammes. D’autre part, le nombre des étoiles de la Voie Lactée n’est sans doute guère inférieur à un milliard. Enfin nous venons de voir que les volumes, et par suite les masses des diverses étoiles que nous avons pu étudier, sont les unes plus grandes, les autres plus petites, mais en moyenne peu différentes de celle du Soleil. La masse totale de matière contenue dans la Voie Lactée est donc d’environ deux sept il lions de kilogrammes. C’est un nombre qu’il est inutile d’écrire avec des chiffres, car il contient quarante-deux zéros. Mais si énorme que soit cette masse, elle nous paraît presque minuscule à côté de l’espace dans lequel elle est répandue.

Si nous essayons en effet de nous imaginer que nous regardons l’univers stellaire avec des yeux supra-terrestres, pour lesquels un million de kilomètres seraient semblables à un de nos millimètres, le Soleil et les étoiles nous apparaîtront comme des têtes d’épingles éloignées les unes des autres de 100 kilomètres en moyenne. Les étoiles de la Voie Lactée représentent un état de dissémination extrême de la matière, et dont on ne peut donner une idée qu’en la comparant à celle d’un seul litre d’eau