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avoir du côté de la Russie ni de celui de l’Autriche et qu’en attendant, et pour courir au plus pressé, une alliance, sous la forme fédérative, entre les peuples orientaux pour la défense de leurs intérêts communs, est le premier et le dernier mot de la politique qu’ils peuvent et qu’ils doivent suivre aussi bien dans le présent que dans l’avenir.

Cette alliance seule mettra fin à des ingérences étrangères dans les affaires intérieures des différens pays et, en même temps qu’elle procurera une vie nationale aux peuples de la Péninsule, elle donnera à l’Europe des garanties aussi sérieuses que possible de stabilité et d’équilibre en Orient.


La question est ainsi parfaitement posée et, tant qu’on s’en tient aux considérations générales, l’argumentation est irréfutable. Mais quand on étudie les moyens pratiques de réalisation, c’est alors que les objections apparaissent.


III

Comme toutes les idées simples, celle d’une confédération balkanique ou orientale est, au premier abord, très séduisante. Elle résout toutes les difficultés et, de plus, elle est seule à les résoudre. Il semble qu’à raisonner sur l’avenir de la question d’Orient, on ne puisse guère échapper au dilemme : ou, sous une forme quelconque, une union des Etats balkaniques, ou la continuation de l’instabilité et de l’insécurité actuelles aboutissant finalement à une guerre où s’opérerait dans le sang la sélection du plus fort. Mais les faits, en politique, se plient mal à la logique des raisonnemens et souvent l’idée qui séduit par sa simplicité est précisément celle dont il faut se défier ; car la réalité est complexe et échappe aux formules. Il y a des idées encore plus simples et plus séduisantes que celle d’une confédération balkanique, celle, par exemple, de la paix universelle, et, depuis si longtemps que les hommes en rêvent, leurs espoirs n’ont pas encore cristallisé dans une forme viable.

On distingue plusieurs formes de confédération, ou, pour employer un terme plus général, d’association, entre plusieurs Etats. La Confédération suisse, les Etats-Unis d’Amérique, ceux du Brésil, la Confédération germanique de 1815, l’Empire allemand de 1871, le dualisme austro-hongrois de 1867, présentent des types très différens d’associations d’Etats : dans les uns, l’égalité des droits est absolue entre les associés ; dans les autres, l’un des États, par suite de circonstances historiques, a obtenu