Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
BOISEMENS, FORÊTS ET PÂTURAGES
DE MONTAGNES

Il est peu de questions qu’on agite autant aujourd’hui que celle du reboisement des montagnes, quoique l’œuvre soit entreprise depuis un demi-siècle, et que le zèle de l’Etat ne se soit point ralenti.

Nous allons rappeler le but poursuivi. Nous ferons ressortir les obstacles et les difficultés. Nous discuterons les assertions qu’on propage. Nous examinerons les projets de lois nouvelles. Nous dirons un mot des travaux exécutés. Nous chercherons des économies. Nous proposerons un programme de voyage propre à éclairer le débat. Nous affirmerons enfin nos préférences pour le maintien de la législation actuelle, que nous croyons susceptible de satisfaire à tous nos désirs de progrès.


I

Le but principal est la régularisation du régime des eaux. Les forêts, en effet, augmentent l’infiltration par les fissures infinies dues aux racines de leurs plantes ; elles prolongent la durée de l’écoulement par suite de l’hygroscopicité de leurs terres ; enfin et surtout, elles détruisent par leurs feuilles et leurs branchages, qui retiennent ou arrêtent momentanément une grande partie des gouttes de pluie, la force érosive du ruissellement. Néanmoins, la suppression des grandes inondations par la forêt est une utopie, et cela, pour des motifs de deux sortes, qui sont les uns d’ordre physique, les autres d’ordre économique.

Les premiers proviennent de l’altitude et de la nature du