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important, le Nyatpola Deval, le « Temple à cinq Étages, » si mystérieux et si sacré que ses prêtres ont seuls le droit d’y entrer, et que le peuple ne sait même pas quelle divinité l’habite. Le roi de Bhatgaon en apporta lui-même les trois premières briques en 1702. Sous ses cinq toitures pyramidales, insensiblement relevées aux angles, ce sont toujours des terrasses coupées par le même escalier, sur lequel veillent les mêmes animaux. Deux statues d’hommes qui encadrent les premières marches sont pourtant à noter. Ce sont Jayamalla et Phattas, les deux champions du Roi, à qui l’on attribue la force de dix hommes. Au-dessus, les éléphans dix fois plus forts qu’eux, puis les lions dix fois plus forts que les éléphans ; ensuite les sardouls, dix fois plus forts que les lions, précèdent les deux déesses du cinquième étage, Byahrini et Singhrini, qui symbolisent le pouvoir surnaturel. Avec des variations de détail, cherchées dans la figuration de rhinocéros, de chevaux, de chameaux, ce type de pagode est maintes fois répété. Les toits inférieurs, souvent couverts de tuiles, rouges ou vertes, les toits supérieurs, parfois en bronze doré, reposent tous sur un système de chevrons arc-boutés, ornés de sculptures prodigieuses représentant quelquefois des personnages aux multiples bras. Des boules de cuivre superposées, au diamètre décroissant, se terminent en pointes brillantes sur le faîte des temples que surmonte le fameux trisoul (trident).

Tous ces monumens, disent les érudits, ne remontent pas au-delà du XVe siècle et le plus grand nombre semble dater du XVIIe. Le Bhaïrotan, autre temple sur la place, est flanqué à l’avant, à un mètre de distance, de grands étendards de cuivre d’une hauteur surprenante ; des guirlandes de fleurs naturelles sont suspendues à profusion pour la Dessera, des animaux de bronze défendent l’idole et devant elle des flaques de sang remémorent les sacrifices de buffles et attirent les chiens. La grande fête met tout le monde en joie, beaucoup de gens, ici, transportent, comme avant-hier à Katmandou, leurs quartiers de viandes ; nos personnes intriguent et amusent une foule désœuvrée et flâneuse que les gens de police écartent devant nous.

A côté des pagodes de grande allure, quelque mandirs, en pierre, posés sur des terrasses semblables, sont absolument différens de forme et d’une élégance exquise. A la base du « Grand Deval, » dont la pyramide curviligne rappelle un peu celle des