Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendresses aux Tototes et même une bienvenue platonique à M. Jean qui répondra plus tard.

Bien affectueusement à vous.


Capdeville, 7 octobre 1898. Chère amie,

Me voici enfin à Capdeville, mais un Capdeville défleuri, dépouillé, vendangé, maussade de m’y avoir trop attendu. J’y suis d’ailleurs un hôte sans joie. Ces vacances manquées m’ont désorienté tout à fait. J’espérais ramasser encore en cherchant bien au bord de l’eau, dans les bois, quelques miettes des féli cités estivales. Trop tard. Une pincée de froid, une matinée de gel blanc a tout emporté. C’est l’hiver ! Dans le ciel d’un bleu méchant s’affolent les hirondelles affamées. J’en ai ramassé une tout à l’heure sur le rebord de ma croisée ; elle s’était cognée à la vitre en poursuivant quelque insecte. Je l’ai ressuscitée, je l’ai relancée vers une mort plus cruelle.

Que n’êtes-vous avec moi, chère amie ? Le costume de vos servantes annamites nous donnerait une illusion de chaleur, ou bien votre horreur de l’Annam m’aiderait à goûter les apprêts de l’automne français. Et, puisque vous seriez là et qu’on causerait ensemble, ce serait toujours la saison la meilleure.

Je vais essayer de me consoler dans le travail. Je suis horriblement en retard et trop mal en train pour me rattraper d’ici à longtemps. Cependant, il faudra bien, je pense, me décider à revoir Paris. Et ces voyages me sont devenus une corvée. Mais pas le prochain cependant. Car, cette fois, je m’arrangerai pour m’arrêter à Rochefort. Quand ? Je ne sais pas encore et cela tient à assez de choses qui ne sont pas toutes en mon pouvoir. Mais ce sera bientôt. Je vous dis un bien cordial au revoir. Ne m’oubliez pas, je vous prie, auprès des vôtres.

Bien affectueusement à vous.


Paris, 1898.

Chère amie,

Je vous écris au coin du feu en pleine crise de grippe. Je suis tapissé de thapsias et tatoué d’iode. Ajoutez à ces agrémens la joie d’une chambre d’hôtel et, à travers mes vitres, l’horreur