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petit. Augmenter les traitemens et diminuer le nombre des mandarins semble au premier abord une solution. En l’état actuel, personne ne la croit possible. Le gouffre dans lequel les contributions s’engloutissent ne peut pas se combler ainsi. Il faudrait d’abord créer un personnel honnête, c’est la plus grande difficulté. Si les lois étaient appliquées par des magistrats intègres, aucune malversation ne serait possible. En Chine, la morale, les lois, les règlemens sont parfaits. Dans la pratique, tout est au plus mal.

Cependant le gouvernement s’est mis à l’œuvre. Il n’a pas craint de se faire des ennemis dans le camp des vieux lettrés en expectative d’emploi. Il a compris que, pour renouveler le vieil empire, il fallait agir par les écoles. Déjà, à la suite de la campagne du Tonkin en 1884, quelques organisations militaires et médicales avaient été tentées, mais bientôt négligées. La guerre avec le Japon en 1895 fit sur le gouvernement une impression plus forte que ne l’avaient faite toutes les précédentes et le décida à commencer les réformes. L’Université de Peï-Yang à Tien-tsin, le collège de Nan-Yang à Shang-haï et plusieurs autres écoles furent fondés. Les directeurs de l’enseignement dans les provinces reçurent l’ordre d’admettre au concours du premier degré les candidats se présentant pour un examen de mathématique. Les lauréats devaient être envoyés à Pékin, pour subir un examen spécial et concourir ensuite pour le troisième degré. L’enseignement des mathématiques était rendu obligatoire dans tous les collèges provinciaux. Faute de professeurs, c’était là lettre morte. Le commencement du XXe siècle trouva le vieux système inaltéré, mais les graves événemens de 1900 ont décidé l’orientation nouvelle. L’insurrection des Boxers, l’attaque des Légations avaient amené les puissances occidentales à maintenir dans Péking et à Tien-tsin des garnisons permanentes. L’orgueil chinois en était profondément blessé. Dès lors, un grand nombre de hauts fonctionnaires furent convaincus de la nécessité de changer le système d’éducation. Les deux vice-rois, Tchang-tche-tong et Yuen-che-Kaï, prirent la tête du mouvement. En 1901, parut l’ordre d’établir dans tous les chefs-lieux de province des écoles supérieures, avec programmes d’études scientifiques, des écoles moyennes dans les préfectures, élémentaires dans les sous-préfectures et primaires dans les villages. En 1902, l’Université impériale de Péking est créée. En avril 1903, le gouvernement