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se compose de Rossini et de Wagner qui « ne se supportent guère » cependant, de Montalembert, Mignet, Hubner, la baronne de Lœwenthal, la comtesse Alexis de Valon, née Delessert, et la duchesse de Galliera. Elle mentionne une visite faite au château de Ferrières en compagnie de cette dernière amie et elle exprime son admiration pour la splendeur sobre, le goût parfait de cette belle résidence qui lui semble le « temple des Arts. » Il faudrait des journées pour tout voir, pour tout admirer, dit-elle, et comme les châtelaines sont aimables, recherchées, bonnes et charitables ! — Nous sommes en 1864 : l’Impératrice souffrant de maux d’estomac cruels, il n’y a eu aucune réception aux Tuileries et la voyageuse « gémit de ne pas voir cette charmante femme et le plus grand homme des temps modernes ! » Elle résume cette fois les attraits de son séjour et souligne l’empressement de ses amis en écrivant qu’elle n’a rien dépensé pour sa nourriture, mais colossalement en fiacres !

Les événemens de 1866 achevèrent malheureusement de l’aigrir contre la politique française et il ne semble pas qu’elle soit retournée à Paris pendant les dix dernières années de sa vie ; mais il lui parvient plus d’un écho de la vie parisienne et elle en donne parfois des nouvelles indirectes à la comtesse Coudenhove. Ces nouvelles sont d’un ton plutôt dénigrant désormais : un jour, elle raconte qu’une des beautés les plus en vue de la Cour impériale a été blâmée par l’Impératrice pour les audaces de sa toilette dans un bal costumé officiel : la jupe dépassait à peine le genou, dit-elle, le corsage était de deux doigts, l’étoffe de gaze d’argent tellement transparente qu’on aurait pu l’omettre : le tout représentait un archange ! En 1868, elle philosophe de nouveau sur le luxe de la société parisienne. Certain bal donné chez la comtesse de P…, où les femmes étaient en robes courtes de 1830, a tout dépassé au point de vue du luxe et de l’élégance, écrit-elle. « Des rochers de glace entourés de fleurs fondaient goutte à goutte pour maintenir dans les salons une fraîcheur égale et délicieuse. Quelle étrange chose que ces fêtes perpétuelles où s’écoulent les jours des uns tandis qu’il y a tant de tristesse dans d’autres régions ! »

Nous voulons toutefois terminer cette revue des impressions françaises de la comtesse par une appréciation plus flatteuse de nos aimables Parisiennes qui date des derniers mois de sa vie, Appréciation qui comporte une réserve il est vrai, mais une