Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/897

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

essentiellement franciscaine, c’est, le plus souvent, par l’intervention technique des Dominicains que cette inspiration trouve ses expressions les plus décisives et les plus complètes. Les artistes supérieurs, dans tous les genres, abondent chez les prêcheurs, tandis qu’ils sont plus rares chez les mineurs. Ce sera surtout par deux dominicains, au XIIIe siècle Fra Guglielmo, l’auteur des bas-reliefs de l’Arca, à Bologne, et au XVe siècle Fra Angelico, à Florence que l’âme de François d’Assise se révélera d’abord dans la sculpture et se fixera, ensuite, dans la peinture.

Pour le moment, les uns et les autres déploient, côte à côte, la même activité architecturale. Dans toutes les villes où ils s’installent, suivant les circonstances, par leurs soins ou par leurs mains, les vieux édifices se rhabillent ou les nouveaux se construisent à la mode nouvelle. Il va sans dire qu’en s’implantant sur ce sol étranger, la plante septentrionale n’y peut grandir et fructifier qu’à la condition de s’y soumettre aux habitudes et aux exigences locales de climats, de traditions, de mœurs. C’est la loi nécessaire et fatale, heureuse et féconde, de toutes les évolutions imaginatives et techniques par l’importation d’un art extérieur. Pourquoi donc s’étonner et se scandaliser que les Italiens, en s’inspirant des architectures française et germanique, ne se soient pas contenues d’en reproduire exactement et servilement les chefs-d’œuvre ? Il faudrait donc aussi s’étonner et se scandaliser, comme on l’a fait, hélas ! trop longtemps, que les artistes de France et des Flandres, un peu plus tard, ne se soient pas bornés et condamnés jusqu’à nos jours à copier, pasticher, contrefaire, inutilement et platement, leurs maîtres d’Italie.

La Basilique d’Assise elle-même témoignait déjà, en partie, d’une adaptation forcée aux habitudes indigènes. L’église d’en haut, claire et légère, pouvait bien sembler, à des pèlerins du Nord, une réapparition subite et ravissante, des nefs les plus simplement nobles de leurs Saintes-Chapelles. Mais le charme était d’autant plus grand qu’il était imprévu, car, à l’extérieur, leurs yeux avaient été, d’abord, plutôt déconcertés. Que dire de ces grandes masses de murailles, nues et sèches, soutenues, non par des contreforts ajourés, sveltes, ornés, mais par de hautes et lourdes tourelles en maçonneries ? Que penser de cette toiture, plate et basse, écrasée, en terrasse, remplaçant