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III

Voilà ce qu’on a réalisé et ce qu’on projette. Reste à examiner ce qu’on pourrait tenter encore. L’exemple du Pluviôse ne doit pas être perdu : il confirme ce qu’il était facile de prévoir, l’immense difficulté de retirer du fond un sous-marin coulé. Le Farfadet, le Lutin n’étaient ensevelis que sous les eaux du lac de Bizerte ou de la Méditerranée, eaux transparentes, sans courans, sans marées, souvent calmes ; à Calais, on a trouvé les obstacles de l’Océan, des courans de quatre nœuds qui ramenaient les premiers scaphandriers à la surface, horizontaux, et troublaient l’eau des profondeurs au point d’y rendre à 17 mètres déjà la vision presque impossible ; des vents, des clapotis, de la houle, etc. Encore le temps fut-il clément au-delà de tout ce qu’on devait espérer : les calmes relatifs qui ont permis de mailler les chaînes restent tout à fait exceptionnels dans ces parages. Aussi fallut-il sept jours pour faire subir au Pluviôse un premier déplacement, quinze jours pour en sortir la première victime, vingt-cinq jours pour achever ce funèbre travail ! Or il n’a que 450 tonnes de déplacement, 54 mètres de long : les prochains submersibles d’escadre auront 750 tonneaux et plus de 70 mètres.

Le plus important n’est donc pas de faciliter un relevage presque toujours trop lent, quoi qu’on fasse, mais d’éviter les accidens. On y contribue par le passage au type submersible. Les unités dessinées pour l’industrie par M. Laubœuf se distinguent en outre par un renforcement particulier des fonds ; car la double coque, au lieu d’être seulement latérale, s’étend aussi par en dessous. Enfin, leur kiosque se rabat en plongée, de façon à ne pas faire une saillie vulnérable.

Il ne subsiste guère que le péril d’abordage. C’est le plus difficile à conjurer. A mesure que les sous-marins sortent davantage, sont plus nombreux, plus hardis, rapprochent leurs exercices des conditions de guerre, étudient un plus grand nombre de points de nos côtes et de ceux où la circulation est vraiment intense, ce danger s’accroît. C’est contre lui qu’il faut surtout se prémunir.

Une première garantie consiste à remonter souvent pour vérifier l’horizon : mais on ne le peut pas toujours, et c’est parfois