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Ce serait d’autant plus utile que le débit des voies d’eau qui menacent la sécurité du navire est, de son côté, proportionnel à la profondeur. Dans le submersible Kobben construit récemment pour la Norvège par les chantiers allemands, il a été prévu à cet effet des caisses d’air comprimé à haute pression.

Autre point à envisager : puisque le salut dépend de la mise en œuvre de l’air comprimé, il est essentiel que le tuyautage par où cet air circule soit à l’abri des détériorations résultant de l’abordage. Mais la question se complique de ce fait que le tuyautage aboutit dans les ballasts, ou réservoirs d’eau, toujours exposés au premier choc extérieur. Il n’y aura guère d’avarie où un ballast ne soit crevé. Qu’arrive-t-il ? On chasse : l’air envoyé dans ce ballast se perd sans le vider. Heureusement, les ballasts ne sont pas tout d’un tenant. Ils se subdivisent en deux ou trois groupes indépendans. Supposons comme au Pluviôse une avarie sur l’arrière. Comme on en ignore le siège, on chasse partout : les caisses avant et milieu se vident, les caisses arrière restent pleines ; le bateau ne peut utiliser que la moitié ou les deux tiers de sa réserve de flottabilité.

Le plus grave est que cette force d’allégement ne s’applique qu’à la partie avant, tandis que l’arrière reste chargé. Il s’ensuit une rupture de l’équilibre dans le sens de la longueur. Le sous-marin suspendu dans l’eau est comme une balance. Sous une action dissymétrique de cette nature, il va se dresser, la pointe en haut, prendre une inclinaison qui ne permettra peut-être pas aux hommes de garder leur poste de manœuvre. N’oublions pas que, d’autre part, la force est fournie au moteur de plongée par des accumulateurs électriques, bacs remplis de liquide sulfurique. Si le bateau penche de plus de 15 degrés, les bacs débordent, et le moteur s’arrête. En même temps, se dégagent des vapeurs acides, plus délétères encore si de l’eau salée se mélange à l’acidulage.

Le plus grand danger découle ainsi de cette rupture d’équilibre. L’idée doit venir d’y remédier ; malheureusement, ce n’est pas facile. Parmi les centaines de projets soumis au ministère par des centaines d’inventeurs, il est à souhaiter qu’il s’en trouve pour résoudre ce problème, peut-être le plus important de tous. Voici le principe utilisable : un tuyau intérieur, à l’abri des chocs, amènerait à l’extrémité du bateau l’air comprimé, et ouvert du poste de commandement, donnerait accès à cet air