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supplémentaires. Cette portion du volume doit être déduite da la capacité totale des ballons si on veut les comparer à nos dirigeables, qui, comme on le sait, sont tous du système souple ou semi-rigide. Un Zeppelin de 13 000 mètres cubes qui porte une carcasse pesant cinq tonnes est équivalent à un ballon français mesurant 8 000 mètres cubes seulement ; et encore, nécessite-t-il pour s’élever à la même hauteur une projection de lest plus considérable. Il ne faut donc pas s’étonner si ces dirigeables ont toujours laissé à désirer au point de vue de l’altitude. D’ailleurs, les accidens nombreux dont ils ont été l’objet font ressortir chaque jour leurs inconvéniens au point de vue pratique : il est probable que les Allemands renonceront à bref délai à ces sortes d’aéronefs.

Remarquons-le en passant : au moment de l’espèce d’affolement qui s’est produit à la fin de l’année dernière, on a dit que nous n’avions qu’une chose à faire, abandonner complètement nos procédés de construction et adopter le type Zeppelin. N’était-ce pas grâce à ce système que les Allemands avaient conquis la suprématie dans l’océan aérien ? Cette manière de voir était complètement inexacte, comme le sont d’ailleurs presque toujours les opinions exagérées.


IX

Mais s’il ne faut pas se faire une trop haute idée de la valeur des dirigeables allemands, il faut reconnaître la supériorité de l’organisation de nos voisins. Ils possèdent pour abriter leurs navires aériens des hangars admirablement aménagés ; ils ont constitué des approvisionne mens d’hydrogène comprimé et du matériel de rechange de toute nature. Pour s’en tenir à l’hydrogène qui constitue à lui seul la partie de beaucoup la plus importante de l’approvisionnement nécessaire, ils ont disposé à l’avance des réservoirs d’acier sur des wagons constituant des trains entiers ; ces trains sont tout formés ; il en existe dans un certain nombre de stations importantes, et, lorsqu’un aérostat dirigeable se trouve en détresse en un point quelconque du territoire, il n’a qu’à téléphoner pour demander un envoi d’hydrogène, et deux ou trois heures après, son ravitaillement est assuré. Les Allemands ont constitué également un personnel nombreux familiarisé avec les manœuvres aéronautiques ;