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II

Telle était la société, encore profondément enracinée, que vint secouer jusque dans ses fondemens la crise mondiale des guerres médiques. En 480, l’Attique est envahie une première fois, un pays grand comme un de nos départemens est évacué en quelques jours, une population de 100 à 150 000 âmes forcée de fuir. Le retour offensif des Perses en 479 est plus destructeur encore que la première invasion. Le Barbare repoussé, Athènes se trouve en possession d’une flotte pour laquelle il faut improviser un grand port militaire. Puis, la ligue de Délos est fondée en 478-477 entre les villes de l’Archipel, et Athènes va avoir à soutenir, avec sa marine nouvelle, la guerre de représailles contre la monarchie perse.

Tous ces événemens ont eu sur la société attique des répercussions multiples, directes ou indirectes, qui en ont, au bout d’une génération, changé complètement la physionomie.

Tout d’abord, en revenant dans ses foyers, le propriétaire athénien trouva son champ ravagé. Pour la terre à blé, le mal n’était pas grave : ce n’était que deux récoltes perdues. Mais nous avons dit quelle extension avait déjà prise la culture de l’olivier : or, les arbres avaient été abattus, dans la Mésogée, dans la plaine du Céphise, dans la plaine thriasique, — partout. Il allait falloir quarante ans pour reconstituer en entier les plants ; le dommage était à peine réparé quand commença la guerre du Péloponnèse. La crise fut pénible pour des hommes dont la terre avait été jusque-là l’unique richesse, et elle n’eût pas été surmontée sans les débouchés nouveaux que l’essor du commerce national ouvrit bientôt aux meilleurs produits de l’Attique.

Le mal fut plus que compensé par ailleurs. Nous avons déjà fait allusion à la découverte des riches gisemens d’argent de Maronée (Camaréza). L’exploitation, momentanément troublée par l’invasion, reprit ensuite pour ne plus discontinuer. Or, la fondation de la ligue assura un débouché unique aux richesses tirées du sous-sol de l’Attique.

Les villes confédérées avaient à verser chaque année un