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qui nous intéresse, nous n’en retiendrons qu’un mot. « Nous devons être toujours prêts, a dit l’Empereur, à maintenir notre armure sans défauts. Considérant que les puissances voisines ont fait de si puissans progrès, c’est seulement sur notre armée que repose notre paix. » La critique ardente, véhémente, acerbe parfois, est presque générale en Allemagne contre les autres parties de la harangue de Kœnigsberg, mais elle s’arrête devant celle-là : l’approbation y succède. L’Empereur a-t-il voulu faire allusion à nos aéroplanes quand il a parlé des « puissans progrès » de ses voisins ? Il a trop de sérieux pour croire que l’invention nouvelle change dès maintenant d’une manière sensible l’équilibre de nos forces ; mais ses paroles contiennent une leçon qui, en Allemagne et ailleurs, sera utile à tous ceux qui l’entendront.


Le voyage de M. le président de la République en Suisse a été une manifestation éclatante de la sympathie qui existe entre les deux pays. Cette sympathie est de vieille date ; la France et la Suisse ont eu des rapports nombreux dans le passé ; l’histoire de l’une a souvent influé sur celle de l’autre et réciproquement ; enfin l’analogie actuelle de leurs institutions politiques, bien qu’elle ne soit pas toujours une cause d’amitié, n’a fait que resserrer le lien qui nous unit. Il nous a été agréable de nous entendre traiter de République sœur. Les paroles échangées entre les deux présidens, M. Fallières et M. Comtesse, ont été empreintes de la plus franche cordialité, et c’est en effet ce sentiment qui préside aujourd’hui à nos relations communes. Depuis longtemps d’ailleurs, la France et la Suisse ne sont plus divisées par des intérêts politiques, mais elles l’ont été quelquefois par des intérêts économiques mal compris. Les dissentimens qui se sont produits sur ce terrain particulier sont heureusement dissipés pour le bien des deux États, que rien n’empêche plus de se tendre très fraternellement la main. Nous avons été touchés de la manière dont le président de la République française a été reçu en Suisse, et si les institutions de nos voisins permettaient au président de la République helvétique de se rendre en France à ce titre, il serait assuré d’y trouver à son tour le même accueil chaleureux.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.