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En prenant la Terre, relativement si bien connue, comme terme de comparaison, nous devons, en premier lieu, rechercher en quoi Mars lui ressemble ou en diffère, et ce sera, dans une certaine mesure, comme si nous pouvions dévoiler l’avenir réservé à notre propre planète.

Grâce à sa proximité plus grande au moment des oppositions, et comme il est arrivé en 1909, l’observation de Mars est relativement facile et on est renseigné dès aujourd’hui sur beaucoup de points qui concernent sa géographie physique. Celle-ci ressemble à la nôtre par un grand nombre de détails ; elle comprend des terres fermes et des océans enveloppés dans une atmosphère. On y distingue des montagnes. On a cru voir dans les mers des phénomènes analogues à ceux de nos propres océans, par exemple l’élargissement et le rétrécissement alternatif et saisonnier des calottes de glace autour des pôles. De son côté, l’atmosphère martiale se comporte comme la nôtre ; on y voit des nuages tantôt dans une région, tantôt dans une autre, et l’on a même cru reconnaître des mouvemens d’ensemble rappelant nos grandes tempêtes tournantes. Le savant M. Lowell, directeur de l’Observatoire américain qui porte son nom, n’hésite pas, dans un travail récent, à voir sur la planète Mars des traces de végétation.

Toutefois, Mars contraste avec la Terre par plusieurs faits de haute signification. L’atmosphère y est beaucoup plus mince que chez nous : le fait est démontré par des phénomènes optiques de constatation facile. En outre, les continens occupent sur Mars une surface relative bien plus faible que sur notre globe et qu’on peut évaluer à la moitié de la superficie. Enfin les montagnes n’y dépassent guère 3 000 mètres d’altitude, alors que les nôtres comptent des géans de près de 8 000 mètres.

Ces comparaisons se complètent par l’étude de Vénus qui, à l’inverse de Mars, est, d’après Laplace, plus jeune que la Terre, et dont les caractères doivent reproduire ceux que notre planète a présentés dans le passé. Ici, malgré des difficultés spéciales qui tiennent à ce que Vénus n’est en opposition, c’est-à-dire bien éclairée par le Soleil, qu’à une distance de nous égale à la somme des rayons des deux orbites concentriques, on y a reconnu encore le type de structure présenté par Mars comme par la Terre : des mers, des continens, et une enveloppe atmosphérique, mais épaisse, cette fois, au point de gêner les observations