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déterminé par le rayon qu’il indique, il installe des ouvriers qui travailleront pour son compte. Le lavage des alluvions par l’eau amenée dans des sluices, ou qui coule dans la rivière voisine traversant le toby est la seule méthode pratiquée ; les Malgaches y sont d’une habileté rare. La poudre, les pépites recueillies leur sont, nous l’avons dit, payées par le concessionnaire entre 1 fr. 50 et 2 francs le gramme suivant l’abondance de la main-d’œuvre et la pureté de l’or, et revendues le plus souvent au Comptoir d’Escompte, au Crédit Lyonnais au prix de 2 fr. 80 ou 3 francs. Si le terrain est riche, il en résulte un bénéfice moyen de 500 à 1 000 francs par mois, sans autre mise de fonds que les avances nécessaires pour le voyage, les formalités administratives d’ailleurs peu coûteuses et l’attente de la production. En réalité, ce genre d’exploitation permet de végéter, mais ne conduit pas à la fortune. On sait aujourd’hui que, l’Andavakoera excepté, Madagascar ne possède pas de champs d’or où les chercheurs heureux s’enrichissent en quelques jours.

Le succès des placers de l’Andavakoera où, sans employer des moyens d’action plus puissans, deux de nos compatriotes, MM. Mortage et Grignon, récoltaient en deux années trois tonnes d’or, a donné une vive impulsion aux recherches scientifiques. On a compris que la bâtée est un instrument trop imparfait, et c’est aux filons de quartz, apparaissant ça et là dans les roches primitives qui forment l’ossature de l’île, qu’on a demandé leurs secrets. Des prospections géologiques ont été faites méthodiquement, par des spécialistes avertis, sur l’initiative de personnalités qui pouvaient supporter les frais de ces études coûteuses et risquer ainsi une partie de leurs capitaux. Sans parler des travaux de la Compagnie Suberbie, de la Compagnie Nantaise ou de la Compagnie Lyonnaise, nous pourrions citer par exemple les belles recherches faites dans les régions d’Andranofilo, Ambodifiakrana, Tsaratana, et plus tard dans l’Andavakoera dont le centre principal, Betsiriki, va être, grâce à sa proximité relative de la mer, doté de tous les engins mécaniques les plus perfectionnés.

Ces études étaient nécessaires. Elles ont démontré, ce que l’ensemble des exploitations alluvionnaires permettait déjà de supposer, la présence fréquente de filons aurifères dont la teneur est suffisante pour tenter les industriels et les spéculateurs. Mais, dans l’état du pays, sauf pour quelques districts