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1576, voulait dire à la mode surannée, en opposition aux châteaux tout récens et dans le goût du jour qui, eux, étaient dits « à l’antique, » puisque en effet sous Charles IX les bonnes copies de l’antiquité étaient la dernière nouveauté.

Georges d’Amboise, après avoir carrément rasé le Gaillon citadelle, qu’il avait hérité de ses prédécesseurs archevêques de Rouen, au lieu de reporter le Gaillon pacifique sur un terrain plus libre, où il eût pu donner à ses constructions tout le développement nécessaire, crut devoir se servir des anciennes fondations, et déploya vainement de grands efforts pour dissimuler les défauts du périmètre trop étroit qu’il avait subi. François Ier fit de même à Saint-Germain et d’aussi brutales démolitions furent pratiquées alors, suivant leurs ressources, par Coligny à Tanlay (1540), par François de Béthune à Rosny, par Mornay à Villarceaux, par le prince de Gorrevod à Marnay (Franche-Comté), par cent autres ici ou là.

Souvent, après avoir mis bas les murs cicatrisés des guerres anglaises, fraîchement troués des boulets papistes ou huguenots, avant l’achèvement des nouveaux toits, l’argent manquait ; il fallait suspendre. A Serrant (1546), une génération, arrivée à la moitié du corps principal, doit s’arrêter au perron. Les travaux n’y seront repris que cent ans plus tard (1636), par Bautru, qui commence les ailes : celles-ci seront achevées par de nouveaux venus au bout de soixante ans (1704).

La plupart des propriétaires en usaient avec plus d’économie ; ils prenaient leur maison par la douceur. Ils avaient hérité, reçu en dot ou acheté des demeures lourdes et maussades ; ils les manipulèrent en les démantelant : écrétant les bretesches crénelées, taillant des fenêtres dans les barbacanes allongées, élargies, perçant des lucarnes dans les toitures qu’ils finissaient par coiffer de campaniles. Quelques donjons, après des arrangemens et des toilettes successives, passèrent, comme à Esclimont, pavillons d’entrée ou porches d’honneur. Tels de vieux soldats devenus concierges. Les adaptations, les embellissemens, absorbaient parfois une vie entière ; ils furent plus ou moins bien faits, plus ou moins heureux : question d’aisance et de goût.

A des enceintes respectées, l’on additionna des bâtimens, galeries et commodités modernes, « propres pour loger, » écrit Du Cerceau au sujet de Montargis ; quoique les anciens donjons