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internationaux, organisation de la solidarité internationale. Le programme du spectacle semblait médiocre. Ces représentations théâtrales sont d’ailleurs réglées d’une manière monotone comme une tragédie classique ou un vaudeville à tiroirs, avec leurs motions, résolutions, amendemens et compromis final. A Copenhague, les premiers sujets, du moins pour l’Allemagne, s’étaient abstenus, et leurs rôles étaient dévolus à des doublures. L’indifférence ou la maladie retenaient au loin Singer, président à vie de tous les congrès, Bebel, le contre-empereur, Kaulsky, le grand prêtre marxiste, Bernstein, l’hérésiarque impénitent. Mais on constatait la présence de presque tous les secrétaires des grands syndicats d’Allemagne, administrateurs capables et compétens, ce qui est rare dans tous les partis. Le congrès révélait la prédominance de l’élément ouvrier. Les intellectuels et les politiciens faisaient tache dans l’ensemble, bien qu’ils en gardent toujours la direction. La Belgique avait envoyé son brillant avocat Vandervelde, l’Autriche le docteur Adler, la France ses triumvirs, Guesde, Jaurès et Vaillant. A défaut de Ferri, trop rapproché des antichambres du Quirinal, Turati représentait l’Italie. L’Inde, la Turquie, le Japon, l’Australie, les deux Amériques comptaient des délégués. Le total s’élevait à 887 membres, dont 189 allemands, 72 autrichiens, 84 anglais, 49 français, etc.

Rassemblés dans la belle et vaste salle de concert ornée des devises et des couleurs de l’Internationale, les congressistes furent reçus par Bang, membre du Folkething, qui leur souhaita la bienvenue. De sa voix sonore, M. Vandervelde, président du Congrès, prononça sur un ton quelque peu solennel le discours d’ouverture. Dénombrant les forces mondiales du socialisme, il semblait vouloir d’un geste enveloppant embrasser toute la planète : il constata leur rapide accroissement hormis en Finlande, en Hongrie, en Russie, dans l’Argentine ; il prévint charitablement ces gouvernemens rétrogrades « du danger de s’asseoir sur des baïonnettes, surtout quand elles sont intelligentes. » L’image fit sourire. Mais déjà le prestige de futur ministre de Sa Majesté le roi des Belges ceint d’une auréole le front de M. Vandervelde.

Reprenons, après l’orateur, qui ne fut que très sommaire, cette revue de l’armée socialiste selon les statistiques publiées par le bureau international, le fascicule des Socialistische