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effet, se conserver dans un état de fraîcheur suffisante ; et, comme la chose se passe en pleine canicule, il est indispensable de remédier à la prompte dessiccation qui surviendrait si le scarabée ne la rendait pas pratiquement impossible. C’est dans ce dessein qu’est construite la partie sphérique de la poire. La figure de la sphère en effet a pour propriété géométrique de réaliser la plus petite surface pour un volume donné ; par suite de limiter au maximum l’évaporation. La surface de l’ouvrage est de plus tassée soigneusement, ce qui l’améliore encore à ce point de vue. Enfin la position de l’œuf n’est pas moins remarquable ; de là où il est placé, il a aération suffisante ; et étant au contact par la chaleur extérieure, celle-ci sert de chaleur d’incubation et affranchit la mère du soin de la couvée. « Ainsi, dit M. Fabre, ce que nous dicte la raison concorde merveilleusement avec ce que l’instinct dicte à la bête. » Et dans cet œuf d’un nouveau genre, l’insecte dépasse l’oiseau ; car il s’affranchit à la fois du souci de la couvée et de celui de la becquée.

Passons à d’autres : la guêpe et la mante religieuse connaissent les propriétés athermanes de l’air. La première entoure son nid d’enveloppes enfermant entre elles des lames d’air qui mettent obstacle à la déperdition de chaleur. La seconde, dont les petits doivent passer l’hiver dans le nid, construit ce nid avec une composition gluante amalgamée avec de l’air.

Le sirex est plus surprenant. Sa larve vit dans la partie centrale d’un tronc de peuplier, et l’insecte parfait doit se préparer lui-même sa voie de délivrance. L’insecte est un cylindre, rigide comme un morceau de crayon, qui se trouve placé, à l’origine, dans le sens de la longueur du tronc. Or, sur plus d’un décimètre parfois, sa trajectoire de sortie est un arc de cercle dont la direction, d’abord verticale, s’infléchit peu à peu pour atteindre, dans le minimum de longueur et de travail, la surface extérieure du tronc. La trajectoire est toujours la plus directe de toutes celles qui se peuvent imaginer : on a vu des sirex, enfermés dans le bois de caisses à cartouches, traverser les balles de plomb, sans jamais dévier de leur route. Comment l’insecte fait-il pour résoudre ce difficile problème de minimum ?

Citons enfin l’épeire qui enroule le fil de soie de sa toile suivant la courbe transcendante que les géomètres appellent spirale logarithmique.

Ces études et d’autres semblables ne constituent pas toute-