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leurs intérêts matériels, désabusés de l’espoir de gagner quelque chose aux malheurs publics, de l’ambition de jouer un personnage politique dans leur ville ou simplement dans leur quartier, aient principalement recherché dans leurs gendres des biens au soleil, une fortune solidement assise. « Aujourd’hui, nous dit Lestoile, sous l’année 1609, les pères et mères ne font attention qu’aux biens et ferment l’oreille à toute autre considération. » Or, la grande fortune, on la trouvait moins dans la noblesse que chez les partisans, les financiers et les grands commerçans. De là des alliances où beaucoup de ces opulens privilégiés croyaient trouver, en même temps qu’une jouissance de vanité, une protection contre les Chambres de justice assez indiscrètes pour vouloir scruter l’origine de leur richesse rapidement acquise. Nobles et enrichis, il n’y avait là que deux minorités. Plus nombreuse était la classe sociale à laquelle appartenaient les familles qui, en recherchant des gendres aisés, tenaient surtout à la fortune qui était immobilisée dans un office. Bien qu’ils fussent assez multipliés pour que Nic. Pasquier ait pu écrire sous Louis XIII qu’il y avait aux bonnes villes plus d’officiers que de marchands, voire d’artisans, la valeur de ces offices augmentait grâce à la Paulette qui en avait rendu beaucoup héréditaires, grâce aussi à la paix qui avait relevé dans la considération publique les carrières civiles. Les hommes étaient appréciés et classés, surtout au point de vue matrimonial, d’après la valeur de l’office, c’était dans l’acquisition de l’un d’eux que certains contrats de mariage stipulaient le placement de la dot. La hausse de leur prix avait contribué à faire monter le chiffre des dots dont la constitution entraînait presque toujours pour celles qui en bénéficiaient la renonciation à leurs droits successifs. Un pamphlet de 1622, les Caquets de l’accouchée, est plein de lamentations au sujet de ce chiffre. Les filles modestement dotées ne réussissaient à se marier que dans les petites villes. Beaucoup de familles s’incommodaient pour établir les leurs. D’autres n’avaient pas cette abnégation ou ne se résignaient pas à leur faire contracter une alliance trop inférieure à leur rang. C’est pour cette dernière raison que Fortin de La Hoguette n’avait pas voulu marier les siennes ; il avait eu, d’autre part, le mérite de ne pas les faire entrer prématurément en religion et, dès lors, il ne leur présente pas d’autre avenir, dans les conseils qu’il leur donne, que de rester dans