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robe de noces, dans la noblesse, et à la Cour, on ne s’en soucie plus.

Si, à Strasbourg, les invitations étaient portées par des messagers, il semble bien qu’elles étaient aussi faites ailleurs par des billets de faire part. Ne faut-il pas reconnaître des invitations de ce genre dans l’Avis pour parvenir au mariage qui fut rédigé, le 18 janvier 1588, au nom des parens et amis des deux familles par les père et mère de Madeleine de Vendômois au moment où elle allait devenir la femme de Racan ?

Le concile de Trente exhorte les futurs à se confesser et à communier trois jours avant la bénédiction nuptiale ou au moins avant la consommation du mariage. Cette prescription, adoptée par les synodes provinciaux et les rituels, fut généralement respectée, avec cette variante que, dans certains diocèses, dans celui de saint François de Sales, par exemple, la communion était administrée à la messe nuptiale. Le règlement notifié par Jacques Olier à ses paroissiens en 1642, sous le titre d’Avertissement aux paroissiens de Saint-Sulpice qui désirent se marier, montre combien il y en avait parmi eux qui ne se présentaient pas avec les dispositions religieuses requises. Il est vrai que cette vaste paroisse, que le saint prêtre réussit à réformer et à moraliser, était l’asile de ce que la capitale avait de pire et que l’ignorance y devait dépasser ce qu’elle était ailleurs. En même temps qu’il statuait sur tout ce qui peut assurer la régularité de l’union matrimoniale, ce règlement exigeait des fidèles un certificat de confession et de communion et les soumettait à un examen élémentaire de catéchisme.

L’Eglise défendait de donner la bénédiction nuptiale avant quatre heures du matin et après-midi, mais elle ne réussissait pas absolument à faire prévaloir cette règle. Cette bénédiction était donnée plus souvent avant la messe qu’après et généralement devant le grand portail. Elle n’était pas indispensable à la validité. C’est ainsi que, pour régulariser une union clandestine et légitimer les enfans qui en étaient issus, l’évêque de Saintes commit le curé de Sablonceaux à recevoir le consentement mutuel des parties dans une chambre, en présence de quelques témoins, sans publications et sans donner cette bénédiction.

La dation des corps était, au contraire, une partie essentielle du mariage, ou plutôt elle était le mariage lui-même, puisqu’elle consistait dans l’abandon réciproque de leurs personnes que se