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de survie si elle se remariait ou si elle avait un enfant dans l’« an vidual. » Dans les frais de deuil dont elle était indemnisée étaient compris les frais funéraires, et une provision alimentaire s’y ajoutait parfois. Les veuves portaient le grand deuil qui durait un an, en noir ou en blanc ; dans les vêtemens de dessous le gris, le tanné, le violet, le bleu étaient admis. Pour le demi-deuil on se permit un peu plus tard toutes les couleurs, sauf le vert. Ce fut la duchesse d’Aiguillon qui, par son exemple, autorisa cette liberté.


La conclusion des pages qui précèdent nous paraît pouvoir être présentée en quelques mots. Ayant renoncé, pour alléger sa marche, à plus d’un trait local qui y aurait répandu davantage le mouvement complexe et confus de la vie, l’esquisse qu’on vient de lire n’aura pas été inutile si elle laisse dans l’esprit l’impression très nette de quelques vérités historiques. Entre la pacification du royaume (1598) et la Fronde (1648), la théorie légale du mariage achève de se fixer, et une distinction entre le contrat et le sacrement s’y introduit dont l’avenir révélera la portée. La licence des mœurs et l’empire de la tradition canonique tiennent encore en échec le triomphe de cette théorie. Dans la façon dont les usages et les bienséances règlent le prélude et l’accomplissement de l’union conjugale on reconnaît la bonne humeur intempérante, la galanterie romanesque » l’étalage de vanité, les préoccupations positives que nous retrouverons dans les divers domaines de la vie sociale pendant la première moitié du XVIIe siècle.


G. FAGNIEZ.