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qui l’ont connu savent qu’il préférait le monocle au lorgnon. Au reste, il admit peu de monde dans son intimité, très différent de ces auteurs à la poignée de main facile, qui prodiguent à mille personnes leur affection. À la fois par instinct et par habitude, il aimait les vêtemens à la mode, les appartemens confortables, les mets bien préparés et les tables bien servies : toutes « les bonnes choses ; » les belles aussi. Il eut le bonheur rare d’être élevé par une mère intelligente et délicate, dont l’influence ne permit pas que le goût d’une vie large nuisît à l’effort de l’esprit, et que le souci du bien-être fût le seul qui le dirigeât. Très vite, il s’intéressa aux bonnes lettres, en amateur. Un soir qu’il était au théâtre, il se mit à critiquer avec esprit la pièce qu’on jouait devant lui. « Vous en parlez à votre aise, lui dit une des dames dans la société desquelles il se trouvait ; mais vous seriez incapable d’en faire autant. » Il releva le défi ; et tels furent ses débuts dans la littérature : un sourire de femme l’y engagea.

Il eut la gloire des romanciers illustres : surtout auprès du gros public qui fait les gros succès. Mater dolorosa, Le Lagrime del Prossimo, La Baraonda, l’Idolo, La Moglic di Sua Eccellenza, furent les œuvres qu’on retint le plus volontiers parmi sa production féconde[1] : leurs couvertures annoncent avec orgueil les milliers d’exemplaires vendus et les éditions épuisées. Il eut la gloire du théâtre[2]. À une époque où l’Italie cherche à se débarrasser des servitudes extérieures, il apparut comme un des dramaturges nationaux les plus capables de soutenir la concurrence avec les pays voisins. Bien plus ! La pièce qui affirma pour la première fois la maîtrise de son talent, et réalisa les promesses que ses œuvres antérieures avaient seulement

  1. Les principaux romans de Rovetta sont, dans l’ordre chronologique : Mater dolorosa (1882) ; — Soll’acqua (1883) ; — Il processo Montegu (1885) ; — Baby (1886) ; — le Lagrime del prossimo (1887) ; — Il Primo amante (1892) ; — La Baraonda 1894) ; — Il tenente dei lancieri (1896) ; — La Signorina (1900) ; — Casta Dua (1903) ; — La moglie di Sua Eccellenza (1904) ; Baldini et Castoldi, éditeurs, à Milan.
  2. Un volo dal nido (1875) ; — La moglie di Don Giovanni (1876) ; — Insogno (1877) ; — Collera cieca (1878) ; — Gli uomini pratici (1879) ; — Scellerata (1880) ; — La contessa Maria (1898) ; — Alla città di Roma (1898) ; — La Trilogia di Dorina (1889) ; — Madame Fanny (1891) ; — La Cameriera Nuova (1891) ; — Marco Spada (1892) ; — I Disonesti (1892) ; — La Realtà (1893) ; — Principio di Secolo (1896) ; — Il ramo d’ulivo (1897) ; — Il poeta (1897) ; — La moglie giovine (1898 ; — Le dute coscienze (1900) ; — Romanticismo (1902) ; — Il Re Burlone (1905) ; — Il giorna de la cresima (1906) ; — Papà Eccellenza (1906) ; — La moglie di Molière (1909).