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provisoirement abandonné de l’alliance à trois. François-Joseph consentit à entrer dans cette voie, et les deux souverains instruisirent l’empereur Napoléon, l’un par un télégramme, l’autre par une lettre, de la forme nouvelle qu’ils donnaient à leur désir de lui venir en aide. Le télégramme de Victor-Emmanuel était ainsi conçu : « Je m’empresse de renseigner Votre Majesté que l’Autriche nous propose un traité préalable de neutralité armée entre l’Autriche et l’Italie, ce qui faciliterait en cas d’événement notre concours dans cette triple alliance. De cette manière, on dispose aussi l’opinion publique d’une manière favorable. » (Florence-Pitti, 26 juillet.)

La lettre de François-Joseph disait : « Monsieur mon frère, la guerre qui vient de me surprendre avec mon armée sur le pied de paix, avec un ministère à peine formé et un parlement dissous, me trouvera à la hauteur de la tâche que la Providence m’impose. Dictée par les exigences du moment, la neutralité que je viens de déclarer était le seul moyen de parer aux inconvéniens de cette situation. — Il ne sera guère nécessaire de faire comprendre à Votre Majesté la valeur de cette neutralité toute bienveillante pour la France. Votre Majesté sait qu’Elle peut compter sur moi, surtout le jour où une troisième puissance voudrait entrer en lice. Elle sait, d’ailleurs, que mes efforts tendent vers le but de compléter nos armemens, afin de me mettre en mesure de défendre la solidarité de nos intérêts et d’aider Votre Majesté à rendre à l’Europe cette paix durable à laquelle nous aspirons tous. Ma lettre, qui a clos nos pourparlers de l’an dernier, vous aura convaincu, Monsieur mon frère, de la sincérité de mes sentimens, qui n’ont pas changé depuis. — Je suis occupé en ce moment à me mettre d’accord avec le roi d’Italie sur une ligne à suivre en commun, et, bientôt, j’espère être en mesure d’informer Votre Majesté du résultat de cette négociation. — Veuillez croire, en attendant, aux vœux bien sincères que je forme pour la gloire des armes de Votre Majesté. — De Votre Majesté le bon frère. » (27 juillet.)


VI

A la suite de ces messages, deux négociations s’ouvrent alors, s’ignorant réciproquement, l’une entre les ministres italiens et les ministres français, l’autre entre les deux souverains d’Italie et