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soulever contre lui les passions protestantes. Ce fut précisément le contraire qui eut lieu. Lord Lansdowne appuya le Bill ; mais ce que le débat présenta de plus remarquable, ce fut un discours de l’archevêque de Cantorbery, primat d’Angleterre, le représentant le plus autorisé de l’Eglise anglicane, qui appuya la proposition du gouvernement, en se félicitant d’une solution « qui apaiserait les controverses des deux côtés et serait tout à l’honneur du sentiment chrétien en général. » Aussi le Bill fut-il adopté sans scrutin. Cette dernière mesure, qui achève de mettre les catholiques anglais sur le même pied que leurs concitoyens protestans, mérite d’autant plus d’être inscrite à l’honneur de l’Angleterre qu’elle s’inspire d’un esprit très différent de celui qui règne dans d’autres pays.

Rien n’était donc venu troubler l’apaisement que la mort du roi Edouard avait amené dans les esprits. La Conférence continuait en paix ses délibérations, les huit membres dont elle se composait observant le plus grand secret. Ce qu’il y eut de plus remarquable encore que cette discrétion, c’est qu’aucune tentative ne fut faite auprès d’eux pour les déterminer à y manquer : Ils n’eurent point à éconduire des journalistes importuns et à démentir des propos inexacts. Rien ne transpira de leurs délibérations, et, dans la presse elle-même, la question constitutionnelle, qui naguère avait donné lieu à des débats si passionnés, cessa, d’un commun accord entre les journaux des différens partis, d’être discutée. Tout donnait donc à espérer que cette question serait résolue par une transaction amiable lorsque, au commencement de novembre, des bruits fâcheux commencèrent à circuler dans le monde politique. On remarqua beaucoup la publication dans le Times de sept lettres successives signées : Pacificus, et, dont l’auteur, évidemment très versé dans les questions constitutionnelles, est demeuré inconnu. L’auteur de ces lettres, sur lesquelles j’aurai à revenir, tout en exprimant l’espoir que la Conférence n’aboutirait pas à un échec se demandait cependant ce qu’il adviendrait, si cette espérance était trompée, et il cherchait par avance les termes d’un compromis plus large qui pourrait sortir un jour, après une nouvelle période de discussions et de luttes, de la réunion d’une seconde conférence. Mais ces lettres avaient passé inaperçues du grand public et l’opinion anglaise dormait tranquille, croyant à une issue favorable de la Conférence, quand elle fut réveillée brusquement, le 11