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élections en Angleterre qu’en France et qui s’acquittent de cette besogne avec beaucoup d’ardeur. Mais l’affaire se compliquait de ce fait que les élections ayant lieu d’après des listes arrêtées au mois de janvier précédent, beaucoup d’électeurs, principalement dans le monde des travailleurs de l’industrie ou de la terre, avaient quitté leurs anciennes circonscriptions électorales pour s’établir dans une nouvelle. On estimait le nombre de ces électeurs nomades à près de 80 000. Il fallait, dans chaque circonscription, savoir ce qu’ils étaient devenus, les dépister dans la circonscription nouvelle où ils s’étaient installés sans avoir encore acquis le droit de vote, et les déterminer, par quelque procédé que ce fût, à revenir exercer leur droit dans leur circonscription ancienne, fût-ce en leur promettant de payer le prix de leur voyage, ce qui n’est pas assimilé à un fait de corruption. Les deux associations se sont acquittées de cette tâche avec beaucoup d’activité et de succès. On m’a assuré cependant que l’association libérale était, à ce point de vue, mieux organisée que l’association conservatrice.


VI

La besogne matérielle des élections incombe aux associations politiques ; la direction demeure entre les mains des chefs de parti. Ils s’acquittent de cette tâche avec une ardeur infatigable et on ne saurait trop admirer le sentiment du devoir public qui les anime, dans l’un et l’autre parti, et les fait se dépenser pour leur cause. La période électorale une fois ouverte, ils ne s’en vont point s’occuper de leur propre affaire, chacun dans sa circonscription. Ils la négligent au contraire, au point d’y apparaître à peine. Il est vrai que ces circonscriptions sont fidèles, que généralement ils n’ont point de concurrens, et que le parti opposé essaye rarement de leur faire échec, tout le monde ayant le sentiment qu’il est de l’intérêt général que les hommes considérables des deux partis appartiennent au Parlement. Aussi sont-ils libres, pendant toute la durée des scrutins, de parcourir l’Angleterre du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, en chemin de fer ou en automobile, se portant là où ils estiment que leurs partisans ont plus particulièrement besoin de leur aide ou que les positions des adversaires pourraient être entamées, venant au secours de celui-ci, ou livrant bataille