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tout danger, et c’est en pareil cas que le temps de réaction d’un pilote n’est jamais trop court : 1° accentuer le virage en diminuant son rayon et, à cet effet, avoir recours au gouvernail de direction ; 2° en même temps, redresser l’appareil en s’adressant aux organes d’équilibre transversal. Comme la chute dans le cône est toujours très dangereuse, le débutant ne saurait trop veiller à l’éviter. Mieux vaut pour lui, lors des premiers virages, manœuvrer de façon à « dévirer » légèrement, c’est-à-dire de façon que l’aéroplane ait une tendance accentuée à glisser en dehors de la courbe décrite. Peu à peu cependant, en modérant de plus en plus le dévirage, il arrivera à effectuer des virages corrects, ce dont il s’apercevra à ce que le ruban fera, pendant toute la durée du virage, un angle constant avec l’axe de l’appareil. Quand les virages seront non seulement corrects, mais parfaits, le ruban demeurera parallèle à l’axe. Ce sera le moment, pour l’aviateur, de s’essayer à virer, désormais, au plus court.

Ici finit l’apprentissage, qui doit être mené, comme nous l’avons déjà dit, lentement, patiemment, méthodiquement, qui, pour chaque nouvel appareil, doit être recommencé, que l’on doit même recommencer, au moins en partie, pour toute modification un peu sérieuse apportée à un appareil que l’on a déjà dans la main. Maintenant, le futur Icare peut se lancer dans l’espace, faire de véritables vols, et, tout d’abord, car il faut toujours être prudent, essayer de faire plusieurs fois le tour du champ d’entraînement.

Quoiqu’il soit presque aussi dangereux de tomber de 40 mètres que de 1 000, encore vaut-il mieux tomber de 4 ou 5 mètres que de 40. Par conséquent, à l’origine, ces vols devront avoir lieu, en temps calme d’abord, à très faible hauteur, quitte à s’élever à 8 ou 10 mètres au moment de virer, tout virage provoquant un mouvement de descente qu’on peut, il est vrai, enrayer avec l’équilibreur. On devra, dans ces vols, éviter de se faire prendre dans le sillage d’un appareil voisin et en profiter : 1° pour apprendre à maintenir son altitude aussi constante que possible ; 2° pour arriver à se rendre compte, à tout moment, de sa position par rapport aux différens points du champ d’entraînement ; acquérir, en un mot, la faculté de s’orienter ou, comme on dit encore, la faculté de se repérer. Tant que ces deux résultats, la constance de l’altitude et la faculté de se