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sol, à 15 ou 20 mètres environ, un coup d’équilibreur, qu’il faut, dans ces conditions, savoir donner avec une grande précision, redresse l’appareil qui peut, dès lors, aborder dans des conditions normales. Les dangers de cette façon d’opérer, qui impose des efforts considérables à l’équilibreur et à la voilure, sont évidens. Si, aujourd’hui, beaucoup d’aviateurs sont franchement partisans de cette méthode, il en est d’autres, et non des moindres, qui lui préfèrent la méthode classique, « sans piquer. » Mais comme, en définitive, une panne de moteur, pour une raison ou une autre, est toujours à craindre, l’aviateur doit absolument apprendre à descendre en vol plané, de n’importe quelle hauteur, et, s’il est avisé, de n’importe quelle façon. Seulement, ce mode d’atterrissage, sous ses deux formes, doit, bien entendu, être étudié lentement, prudemment, progressivement, sur le champ d’entraînement lui-même et pour chaque type d’appareil.

Ajoutons, pour ne trop rien laisser de côté en ce qui concerne l’atterrissage : 1° que, quel que soit le procédé employé, l’aviateur doit toujours, au moment précis où la machine va toucher terre, donner un léger coup d’équilibreur pour diminuer la vitesse, que les roues et les patins (dont sont pourvus, à l’heure actuelle, les aéroplanes de n’importe quel type, se chargent ensuite de complètement annuler ; 2° que les appareils, tels que le Wright et le Curtiss, dont les surfaces portantes sont très voisines du sol, présentent sur les autres l’avantage d’emprisonner, à l’atterrissage, un matelas d’air qui, faisant, pour ainsi dire, office de train amortisseur, atténue considérablement le choc final.

D’ailleurs, surtout en ce qui concerne l’atterrissage, des règles précises sont impossibles à édicter. Il y a là, avant toute théorie, une question de doigté, doigté qui dépend, pour une grande part, des qualités personnelles du pilote. Ce qui n’est malheureusement que trop certain, c’est que la descente en vol plané et, plus généralement, l’atterrissage, opéré de quelque façon que ce soit, dans des conditions de sécurité convenables, est, à l’heure actuelle, pour tous ceux qui s’intéressent à l’Aviation, un problème des plus obsédans, des plus ardus, qui domine la nouvelle science et dont la solution est digne de tenter tous les chercheurs.