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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Bien que la Chambre tienne habituellement deux séances par jour, une le matin et l’autre l’après-midi, la discussion du budget continue de marcher avec une extrême lenteur, d’autant plus qu’elle est interrompue, dans l’après-midi du vendredi, par celle des interpellations. Au train dont vont les choses, ou commence à se demander si le budget sera voté à Pâques ou seulement à la Trinité. Cette Chambre nouvelle croit sans cesse faire des découvertes, et elle s’y attarde. Le hasard la gouverne, les digressions s’accumulent et le travail utile n’avance guère. Cependant quelques-unes des discussions de ces dernières semaines méritent de retenir l’attention, et c’est le cas, par exemple, de celle que M. Maurice Barrès a provoquée au sujet de la conservation des églises à la suite de la loi de séparation.

Rarement M. Maurice Barrès avait été mieux inspiré. L’impression produite par son discours a été vive et profonde, non seulement dans la Chambre, mais dans le pays, et il faut souhaiter qu’elle soit durable. La réponse que lui a faite M. le président du Conseil, bien que, sur plus d’un point, elle n’ait pas été décisive, est cependant de nature à avoir une influence heureuse, soit sur l’administration municipale, soit sur l’administration préfectorale auxquelles, à défaut de règles précises, elle a donné de bons conseils. On sait dans quel état légal sont aujourd’hui les églises : leur conservation n’est assurée par aucune obligation précise imposée à qui que ce soit ; elle dépend de la simple bonne volonté des communes qui sont propriétaires de ces immeubles, mais qui ne sont strictement tenues ni à les réparer, ni à les entretenir. Les inconvéniens en sont graves. M. Barrès en a énuméré quelques-uns avec des exemples à l’appui. Ici, c’est une municipalité libre-penseuse qui refuse de faire, ou même de laisser faire des réparations indispensables et urgentes ; elle préfère