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CHEZ LES NOMADES DU TIBET[1]

Nous dressons notre camp, à cinq kilomètres de la frontière, au confluent des deux sources de la rivière Min. Pendant huit jours nous ne rencontrerons pas un habitant : faire le vide autour d’un puissant voisin est toujours la tactique des peuples épris d’indépendance.

Nous nous sommes arrêtés de bonne heure, car, avec un personnel novice, l’installation d’un camp n’est pas chose facile. Il sera toujours disposé en carré, nos trois tentes formant une face, celles de notre personnel occupant les deux faces adjacentes, et le quatrième côté fermé par les yaks. Ceux-ci sont attachés par un anneau passé dans le nez à une corde allongée sur le sol, et maintenue par d’autres cordes transversalement fixées dans la terre. Nos convoyeurs tibétains dressent leur tente en avant, et leur énorme molosse complète la garde de cette face, et, nous l’espérons bien, du camp tout entier. Nos chevaux sont entravés et amarrés à des piquets, au centre du carré.

Mais cette forme type doit se plier aux accidens du sol, tenir compte du vent pour que les ouvertures des portes se trouvent placées du côté opposé et les feux de manière à n’enfumer personne. Il faut penser à mille détails insoupçonnés des débutans, et pour lesquels seule la pratique donnera le tour de main indispensable.

Le paysage nous enchante par un aspect nouveau : c’est une

  1. Le récit de la mission du commandant d’Ollone à travers la Chine Occidentale et le Tibet paraîtra prochainement chez l’éditeur Laffitte sous le titre de : Les Derniers Barbares. Le morceau que nous publions en est extrait.