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REVUES ETRANGERES




DEUX NOUVEAUX DRAMES ALLEMANDS




Der junge Medardus, par Arthur Schnitzler, un vol. in-18, Berlin, librairie S. Fischer, 1911 ; Die Ratten, par Gerhart Hauptmann, un vol. in-18, ibid.


Pour comprendre et apprécier le sujet du drame nouveau de M. Schnitzler, le lecteur est tout d’abord tenu de supposer qu’il y avait à Vienne, en 1809, un prince français exilé, le duc de Valois, dont les titres à la possession de la couronne de France égalaient ou même surpassaient ceux de l’aîné des frères survivans de Louis XVI. Et qu’une pièce fondée sur une hypothèse d’une fausseté historique aussi manifeste ait pu devenir le plus grand succès du théâtre viennois durant toute une saison, c’est là une preuve bien frappante de cette ignorance réciproque dont j’ai eu souvent déjà l’occasion de signaler l’incessant progrès entre les diverses nations européennes. Si les spectateurs autrichiens savaient, de façon certaine, que jamais un personnage comme ce duc de Valois n’a pu sérieusement prétendre à la succession légitime de Louis XVI, l’impossibilité du point du départ de l’œuvre de M. Schnitzler les aurait empêchés de suivre avec émotion les péripéties d’un drame où l’auteur s’est efforcé surtout de leur offrir une reconstitution minutieuse et fidèle de l’une des crises les plus mémorables de leur histoire nationale : mais évidemment ces spectateurs ne savent plus rien de tout cela, ni ne se soucient plus d’en rien savoir. A mesure que les moyens de communication se développent et se multiplient, d’un pays à l’autre, il semble que chaque pays se désintéresse plus profondément de toute la vie