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révolution, — et c’est là une des meilleures preuves du génie constructeur des Japonais, — par les mêmes lois qui créaient un nouveau régime de la propriété et donnaient la terre aux paysans, il réforma l’impôt foncier, qui avait été le principal impôt de l’ancien régime : on en fit un impôt véritable, tandis qu’auparavant c’était surtout une rente payée aux princes féodaux propriétaires du sol et, comme on n’avait pas révisé le cadastre depuis un siècle et demi, on fit la cadastration parcellaire de tout l’empire, cadastration rendue très difficile par suite de l’extrême morcellement de la propriété, et l’on établit le nouvel impôt d’après une évaluation faite alors de toutes les parcelles. Evaluation et cadastration sont aujourd’hui devenues très défectueuses, car dans beaucoup de régions la culture s’est transformée et, d’une manière générale, la valeur du sol a depuis quarante ans décuplé dans les villes et triplé dans les campagnes.

Au début, l’impôt foncier formait les neuf dixièmes des recettes provenant de l’impôt, il en forme aujourd’hui moins du tiers, car le système des impôts s’est beaucoup développé. Les Anglais, qui ont pour principe de tirer leurs ressources d’un très petit nombre d’impôts, dont les plus importans sont des impôts directs et dont les autres frappent surtout des objets de luxe, désapprouvent en général le système japonais, qui consiste à multiplier les impôts ; ils le trouvent coûteux pour l’État et onéreux pour le peuple. Ce système est cependant le seul qui convienne au Japon ; on ne peut demander beaucoup à l’impôt foncier, parce que la terre est morcelée et le paysan pauvre, ni aux autres impôts directs, parce que la fortune capitalisée est d’origine récente et peu considérable ; on ne saurait frapper les objets de luxe, parce qu’il n’y a pas de luxe, ni exiger beaucoup de quelques industries, parce que ce serait tuer des industries naissantes. Des impôts actuels, la plupart sont des transformations des impôts de l’ancien régime, tels l’impôt sur le revenu l’impôt sur les boissons et sauces fermentées, les douanes ; les autres sont empruntés aux pays d’Europe. L’idée de monopoles, qui existait dans l’ancien Japon, a été modernisée sous l’influence des Etats occidentaux ; les monopoles sont ceux de la vente du sel, du tabac et du camphre.

L’Etat japonais est de plus un grand propriétaire. La superficie des terres appartenant à l’Etat ou à l’empereur forme