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POÈMES INÉDITS
DE
FRANÇOIS COPPÉE


LA RUINE[1]


En Grèce, j’ai trouvé, parmi les noirs érables
Et les lauriers profonds, dans un bois consacré,
Caché par les buissons les plus impénétrables,
Un vieux temple de Pan, en ruine, ignoré.

Pas un sentier ne mène à ces choses tombées,
Et quand vous allez là, par un instinct poussé,
Les branchés devant vous par votre main courbées
Referment le chemin où vous êtes passé.

  1. De la pièce de vers intitulée : la Ruine, j’ai trouvé plusieurs copies dans les papiers de mon oncle François Coppée, dont l’une originale et entièrement de sa main du poète, de sa magnifique écriture pareille aux calligraphies gothiques des vieux missels. Au bas d’une copie, il a ajouté lui-même : « Ces vers sont antérieurs à ceux publiés dans le Reliquaire. »

    Le Reliquaire a été publié en 1866. La Ruine date donc de 1865 au plus tard,
    de l’époque où, jeune Parnassien respectueux et timide, François Coppée allait
    tous les samedis soir, — avec autant d’émoi qu’un hadji va à la Mecque, —
    passer la soirée chez Leconte de Lisle, qui demeurait au quatrième étage d’une
    maison du boulevard des Invalides (Cf. François Coppée. Feuilleton de la Patrie du 25 juin 1883.) Disciple fervent du maître auquel il devait dédier le Reliquaire, il s’essayait, lui aussi, au « poème antique, » et il écrivait la Ruine.

    JEAN MONVAL.