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LE RELÈVEMENT DE L’INDUSTRIE RURALE.

croissance rapide, est celui qui approvisionne tous nos marchés.

C’est le capital dont il dispose qui sert de règle à l’éleveur. S’il tente l’entreprise avec une somme suffisante pour élever, par exemple, dix mâles et cent femelles, frais généraux déduits, il peut réaliser, dès la première année, un bénéfice net de 1 800 à 2 000 francs ; l’année suivante, les résultats seront beaucoup plus brillans et pourront se chiffrer à 12 000 francs, et ainsi de suite. Les conditions d’élevage ne sont pas les mêmes pour l’angora, dont le poil soyeux demande à être peigné chaque jour, et le lapin rustique, qui pousse tout seul ; la préparation de la peau du lapin argenté exige aussi certains soins dans les détails desquels nous ne pouvons entrer ici ; mais, pour la bonne réussite de l’élevage des trois espèces, il faut une propreté méticuleuse si l’on veut éviter les épidémies qui sont la perte du clapier ; il faut en outre de l’acharnement au travail, et enfin, le sens commercial pour tirer le meilleur parti de ces produits dont l’écoulement est d’ailleurs certain et facile.

Un autre genre d’élevage ne demandant ni grande mise de fonds, ni beaucoup de temps, car les soins matériels sont à peu près nuls, c’est l’élevage de l’escargot. La consommation, en France, de ce mollusque augmente chaque année, alors que sa production diminue par suite d’élevage défectueux, et l’on est obligé de recourir à l’Allemagne et à la Suisse pour l’alimentation de nos marchés. Cependant, si l’on Voulait bien en prendre la peine, on arriverait à une production tout au moins en rapport avec les demandes, car l’élevage de l’escargot est facile et n’exige qu’un peu d’attention. Les escargots se nourrissent de salades, de choux et, en cas de besoin, on peut les alimenter de son mouillé d’eau. En les mettant dans des parcs divisés en enclos avec des clôtures enduites d’une substance insoluble à la pluie, on les empêchera de s’échapper et l’assainissement des enclos deviendra facile. Un essai a été tenté au printemps dernier dans un enclos de 60 mètres carrés, sous un couvert d’arbres, avec 300 escargots dits de « Bourgogne, » achetés aux Halles. La petite clôture en sapin était enduite d’un oléate au sulfate de cuivre. Aucun escargot ne franchit cette barrière et près des deux tiers s’acclimatèrent dans ce parc, de sorte que la reproduction fut magnifique et que certains petits « Bourgogne » devinrent en deux mois gros comme une noisette.