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LE RELÈVEMENT DE L’INDUSTRIE RURALE.

c’est-à-dire de divers produits de confiserie et de pâtisserie dont ils se régalent à Noël ou aux grandes fêtes de l’année.

Le Lot est le plus grand producteur de noix, sinon pour la qualité, au moins pour la quantité. La statistique de 1900 évalue à 128 000 quintaux le chiffre de production du département : c’est près du sixième de la récolte totale de, la France qui s’élève à 725 927 quintaux. La Corrèze, avec 75 000, et la Dordogne, avec 60 000 quintaux, arrivent ensuite ; aucun autre département n’atteint 50 000. L’Isère fournit 46 944 quintaux, le Var 44 540, la Drôme 26 532. Mais, au point de vue de la valeur marchande, l’Isère dépasse de beaucoup le Lot et les autres départemens ; la noix y vaut cinquante francs le quintal et dans le Lot treize seulement. C’est que l’Isère fournit la noix de primeur, celle qu’on pourrait appeler la noix de luxe. Gourdon, un des centres importans de la vente de la noix en coques, fait des expéditions un peu partout, dans le Berri, à Bourges, où les fabricans d’huile compensent avec ces fruits l’infériorité de leur récolte : la spécialité de Gourdon est le cerneau. Dès août, les commerçans font appel aux femmes qui cassent soigneusement les noix encore revêtues de leur brou et les épluchent. Les fruits sont aussitôt emballés et expédiés au loin, soit par Bordeaux qui les répartit en Angleterre, soit directement. Un peu plus tard, on récolte de nouveau le fruit, plus mûr cette fois, on le casse pour économiser des frais de transport sur une matière sans valeur et cet énoisillage ou dénoisillage constitue une ressource précieuse pour les familles d’ouvriers et les pauvres gens qui travaillent soit dans les maisons de négocians, soit à domicile. Partout on brise la coquille.

Jadis le dénoisillage avait pour but la préparation des noix destinées à l’huilerie, et les noix étaient autrement abondantes que de nos jours, puisqu’il fallait faire face à une consommation énorme d’huile, remplacée aujourd’hui par celle d’olives, d’arachides et de coton. Le cassage des noix constituait en quelque sorte l’industrie vitale du Quercy. Le moment où commençait le travail était le signal de réjouissances ; de là naquit, en 1819, l’idée d’un concours original avec prix aux dénoisilleuses les plus habiles, et banquet pour terminer la fête.

La solennité fut renouvelée récemment. Il y a dix ou onze ans, en janvier, un nouveau concours avait lieu. Les