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LE RELÈVEMENT DE L’INDUSTRIE RURALE.

seulement grâce à des associations de ce genre que les agriculteurs ou les maraîchers peuvent assurer l’écoulement régulier de leurs produits et obtenir la clientèle de l’étranger. C’est grâce à ses 4 à 500 sociétés coopératives si bien comprises, que le Danemark, devenu un de nos concurrens les plus redoutables, quoique infiniment moins favorisé que nous sous le rapport du climat, vend à l’Angleterre pour 400 millions de francs de produits agricoles : beurre, œufs, viandes. Par le même moyen, l’Italie est arrivée à approvisionner le marché de Berlin. La Suisse même, dans plusieurs localités, voit la nécessité de fonder des syndicats d’agriculteurs pour la vente du lait, des fromages, etc.

Chez nous, les associations de ce genre existent déjà en nombre respectable. Une enquête faite par le ministère de l’Agriculture, en 1902, nous apprend qu’il y avait, à cette époque, en France, deux mille établissemens produisant industriellement du beurre frais, dont 661 organisés en sociétés coopératives et 1 339 appartenant à des particuliers. Leur production annuelle est estimée à 62 millions de francs. Si l’on tient compte de la consommation annuelle de beurre pour toute la France, évaluée à 300 millions de francs, on voit facilement tout ce qu’il y aurait à faire encore de ce côté. En ce qui concerne les produits maraîchers, le syndicat professionnel de Nantes, société fondée au capital de 15 000 francs, fait d’importantes expéditions en Angleterre ; le syndicat des producteurs jardiniers d’Hyères expédie à Paris et dans les grandes villes des primeurs, des légumes et des fleurs ; celui de Lauris s’occupe particulièrement de la vente des asperges. A Menton, le syndicat vend annuellement des citrons pour plus de 2 millions de francs ; à Plougastel, il expédie cinq fois par an en Angleterre des bateaux chargés de fraises, etc.

Enfin, le Syndicat central des Agriculteurs de France a installé au marché de la Villette un service spécial de vente pour le bétail et aux Halles un service de vente pour les produits de toute nature ; et l’Union Agricole de France, société au capital de 1 100 000 francs, vend à la commission les produits que lui adressent les syndicats de vente ou même les agriculteurs isolés, auxquels elle accorde une participation de 20 pour 100 sur les bénéfices des ventes effectuées.