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sur le retour qui veut s’installer dans un nouveau rôle et jouer les pères. Il t’ait exprès le voyage du Languedoc, en automobile, arrive tout essoufflé et poussiéreux, jette un regard sur le domaine, cause un quart d’heure avec le curé, repart, et fait venir Jean à Paris.

Le second acte nous montre Jean chez son père, le campagnard chez le Parisien : et les ahurissemens de ce jeune Huron fournissent une abondante source de comique. Le comte de Larzac a complètement renoncé aux femmes ; mais la destinée s’amuse à en mettre encore et quand même toute une théorie sur son chemin ; pour lui aussi, c’est la Fatalité. La dernière arrivée est Georgina Coursan qu’il trouve charmante et tout à fait digne de devenir sa belle-fille. Et c’est pourquoi il repart pour le Languedoc à l’effet de marier les deux jeunes gens.

Mais ici un phénomène se produit auquel nous étions très préparés, que nous attendions et qui par conséquent nous cause une satisfaction vive. Placé entre ce père boute-en-train et ce fils rabat-joie, c’est avec le vieux gentilhomme que la jeune aventurière se sent en sympathie. Jean s’en aperçoit à temps, assez à temps pour épargner un grave malentendu, et il marie son père et sa fiancée, ces deux bohémiens de la vie. Cela fera un ménage tel quel. Pour lui, il vient de s’apercevoir que la fille de son fermier l’adore. Sa destinée est là ; il ne s’y soustraira pas : Perdican épouse Rosette. Tout cela est plein de jobs détails et de rôles épisodiques de la plus heureuse invention, celui par exemple du bon curé innocent et malicieux qui vient en droite ligne de l’Amour veille et que MM. de Flers et de Caillavet se sont donc emprunté à eux-mêmes. Il y a de la verve, de l’attendrissement et beaucoup de mots drôles qui parlent en fusées.

Papa est joué à ravir par M. Huguenet qui est, dans le rôle du comte de Larzac, la belle humeur, l’inconscience et la bonhomie elles-mêmes, — par M. Gaston Dubosc, un excellent abbé Jocasse, — par M. Louis Gauthier très naturel, et un peu sombre, comme il convient, en Jean Bernard, — et par Mlle Yvonne de Bray, une Georgina très séduisante.


RENE DOUMIC.