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tant les recherches qu’exigeait une indispensable documentation menaçaient d’être longues et laborieuses. C’est alors que j’ai eu la bonne fortune de rencontrer l’un des descendans directs de la famille Magon, M. le baron R. de Saint-Pern, petit-fils de la marquise de Cornulier, qui mêlée à ce drame affreux faillit y laisser la vie. Depuis plusieurs années, M. de Saint-Pern a entrepris, dans un intérêt purement familial, une histoire généalogique de sa maison, œuvre considérable qui ne comptera pas moins de cinq volumes, dont le premier a été publié, et dont on appréciera l’importance si l’on veut se rappeler qu’au cours des siècles, les Saint-Pern et les Magon se sont alliés à de nombreuses familles parmi lesquelles il en est d’illustres. En vue de ce travail, notre auteur a fouillé, et non sans fruit, un grand nombre de dossiers tirés des archives publiques et privées, de telle sorte que son ouvrage, riche recueil de documens du plus grand prix, sera une contribution précieuse apportée non seulement à l’histoire de sa maison, mais aussi, et en bien des cas, à notre histoire nationale. Ces documens, M. le baron de Saint-Pern, avec une libéralité et un désintéressement dont j’ai été profondément touché, a bien voulu me les communiquer et me permettre de les utiliser. C’est donc grâce à lui que j’ai pu écrire le récit qui suit, y verser à flots la lumière et montrer ce que fut la mentalité des hommes de 1793, celle des victimes et celle des bourreaux. Je lui exprime ici toute ma reconnaissance.

J’adresse aussi des remerciemens non moins sincères à un autre descendant des Magon : mon ami M. le général Magon de la Giclais. Je lui dois, outre certains documens qui étaient en sa possession, de très utiles indications qui, plus d’une fois, m’ont conduit à d’importantes découvertes. Il a acquis, ainsi, des droits à ma gratitude, et je suis heureux de lui en donner publiquement le témoignage.


I

Parmi les maisons de banque qui existaient à Paris avant la Révolution, l’une des plus considérables et celle peut-être qui jouissait de la plus grande réputation d’honorabilité, — la maison Magon de la Balue, — était située place Vendôme, dans l’immeuble qui porte aujourd’hui le numéro 22. Construit vers